Baisse de consommation
Au cours des 10 dernières années, la consommation de viande en France a baissé de 12 %. C’est ce qu’a conclu l’étude « Comportements et consommations alimentaires des Français » menée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.
Tous les trois ans depuis 2007, le Crédoc interroge 1 925 adultes et 1 164 enfants. « Nous demandons de renseigner tout ce qui a été mangé pendant sept jours, lors des repas et hors repas, que ce soit au domicile ou à l’extérieur. » explique le directeur d’étude et de recherche Gabriel Tavoularis.
L’impact écologique de l’assiette
« Les Français, tous âges et catégories sociales confondus, mangent moins souvent de viande » constate M. Tavoularis. Il note plusieurs facteurs expliquant cette évolution.
Le prix de la viande, qui a augmenté plus rapidement que l’inflation au cours de ces dernières années, est une première raison. « La viande devient peu à peu un produit de luxe, que l’on consomme avec plus de sobriété » analyse M. Tavoularis.

Ensuite, il y a un vrai choix de la part des consommateurs, qui ont pris conscience de l’impact environnemental de la viande et de ses conséquences sur la santé.
« Pollution, émission massive de CO2 due aux rejets organiques et au transport, consommation d’eau excessive pour réaliser un steak », témoigne un trentenaire lyonnais. Il voit la réduction de la part de viande dans son alimentation comme un « devoir citoyen ».
D’autant que les conséquences sur la santé sont à présent communément admises, comme le confirme Serge Hercberg, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) :
« Il n’y a pas de danger pour la santé de réduire la consommation de viande. La consommation de viande de boucherie (bœuf, porc, veau, mouton) ne doit pas dépasser 500 grammes par semaine, et 150 grammes pour la charcuterie. Au-delà de ces seuils, on augmente significativement le risque de cancer colorectal. »
Un constat établi en 2015 par le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Disparités sociales
Néanmoins, le poids de la tradition selon laquelle « le bonheur familial s’écrit autour d’un gros poulet ou d’un gigot » est encore fort. L’étude du Crédoc établit que la part des personnes n’ayant pas consommé de viande durant une semaine est d’1% en 2016. Même si cette proportion a été multiplié par trois depuis 2007, cela reste très peu.

« Chez les ouvriers que cela reste inconcevable, encore aujourd’hui, de faire un repas sans viande », remarque à ce propos M. Tavoularis. Les chercheurs se sont intéressés aux disparités selon les catégories socioprofessionnelles. Les ouvriers sont les plus gros consommateurs de viande, avec 151 grammes par jour en moyenne. En revanche, les cadres et professions libérales ont une consommation de 113 grammes par jour, contre 140 grammes en 2007.
La baisse de la consommation de viande touche cependant toute l’échelle sociale.
Les plats transformés
Enfin, les moins concernés par cette évolution sont les jeunes de 18 à 24 ans. « On constate chez cette génération, une consommation importante de produits carnés, par le biais de plats transformés, comme les pizzas, les hamburgers, les sandwichs », rapporte M. Tavoularis.
Ces plats transformés représentent d’ailleurs une part de plus en plus importante dans l’ensemble des produits carnés consommés par les Français, au détriment de la charcuterie et de la viande de boucherie.