Le milliardaire américain vient de financer un laboratoire de recherche afin de créer une vache parfaite « résistante et productive » afin de lutter contre la malnutrition en Afrique.
Une espèce génétiquement modifiée
Après un investissement en 2017 dans le secteur de la viande artificielle auprès du fondateur de Virgin (Richard Branson), ainsi que l’ancien PDG de General Motors (Jack Welch), Bill Gates se lance dans un projet « génétique ». En effet, le milliardaire a investi plus de 40 millions de dollars (soit 32 millions d’euros) dans l’Alliance Mondiale pour les Médicaments destinés au Bétail (GALVmed). Cette ONG basée en Ecosse s’occupe des recherches sur la vaccination du bétail et la génétique.
Le but de ce financement est de développer une race OGM afin de résister au climat chaud, comme l’Afrique, tout en produisant autant de lait qu’une vache Européenne. Ainsi, le but serait de lutter contre la malnutrition. « Vous pourrez avoir une vache qui sera quatre fois plus productive, avec la même espérance de vie » précise Bill Gates lors de sa prise de parole le 26 janvier à l’Université d’Edinburg. Pour l’homme le plus riche du monde, cet investissement est bien sur élaboré. « L’impact pas dollar que nous investissons est très élevé dans ce domaine ».
Conception par insémination artificielle
Rien n’est sur quant à la manière dont les chercheurs vont « développer » cette vache. Bill Gates évoque tout de même la possibilité de l’insémination artificielle. Cette pratique a déjà été énoncée en juin 2017, lorsque des généticiens de l’institut des sciences agroalimentaires de l’université de Floride ont annoncé le développement d’une espèce de vache génétiquement modifiées afin de faire face aux contraintes rencontrées dans les pays pauvres.
Des OGM aux AGM
Après les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), l’industrie agro-alimentaire, dans sa course à la rentabilité et la surconsommation, met aujourd’hui en place des Animaux Génétiquement Modifiés (AGM).
Hormis la question éthique fortement présente quant à la création de « nouvelles espèces » (saumon, cochon, vache…), ainsi qu’au bien être animale, les risques sanitaires et environnementaux ne sont pas du tout abordés. Dans certains pays, les réglementations concernant les OGM sont peu présentes. Bien qu’en Europe il soit interdit d’élever des animaux transgéniques ou clonés, les accords de libre-échange rendent le contrôle, l’étiquetage voire la traçabilité floue.
En théorie, un produit génétiquement modifié doit obtenir une autorisation pour entrer sur le territoire. Cependant, la répression des fraudes française découvre souvent des produits alimentaires importés, contenant des OGM, pourtant non autorisés dans toute l’Union, masi qui se retrouvent ainsi dans nos assiettes.
Après des années de lutte contre les OGM, notamment le maïs, des questions sur les risques et dangers de ces produits non naturels sur notre santé ainsi que l’efficacité nutritive de ceux-ci, se posent. En effet, il a été observé que les plantes OGM étaient plus résistantes mais moins nutritives que ce qu’elles produisaient naturellement (en vitamines, chlorophylle, acide gibbérelliques). Pour les AGM, l’introduction d’espèce « étrangère » à un éco système peut causer de nombreux dégâts, jusqu’à extinction de l’espèce d’origine selon certaines études, comme celle élaborée sur les saumons modifiés au Canada.
Les animaux modifiés n’étant pas viables, ceux-ci peuvent également développer des caractéristiques inattendues.
La « malnutrition » prise comme argument par Bill Gates
Lors de sa prise de parole, Bill Gates a mis en avant la création de cette nouvelle espèce de vache afin de répondre à des enjeux « environnementaux et sociaux ». En effet, selon lui, cette espèce pourrait s’adapter « au réchauffement climatique » et pourrait également « lutter contre la malnutrition ».
Ces propos fond bondir les ONG qui souhaitent stopper ce réchauffement climatique et non « créer un monde qui s’y adapte ». La sonnette d’alarme est également tirée du côté de la malnutrition. En effet, dans le monde, 1 habitant sur 3 serait touché par la malnutrition selon l’ONU. Essentiellement en Afrique et en Asie, les carences, les retards de croissance, la maigreur extrême mais également l’insécurité alimentaire grave, présentent des chiffres ahurissants. Aujourd’hui, plus de 815 millions de personnes se couchent le ventre vide.
Créer de nouvelles espèces hybrides ne répond pas à cette réalité. Les richesses ne sont pas réparties, les pays en développements sont exploités. L’urgence se trouve, à l’échelle mondiale, dans la réappropriation de l’agriculture par les locaux, par la production alimentaire durable, par le soutien d’agricultures « familiales » afin d’assurer des aliments à haute valeur nutritive en circuit court, par l’amélioration des infrastructures (pour l’acheminement des aliments) par la mise en place de vraies solutions d’assainissements, responsables de 50% des cas de sous-alimentation dans le monde. Il est temps d’investir dans de vraies solutions.
Crédits photo de de couverture : World Economic Forum (Flickr)

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