Importations et déforestation
WWF France a rendu publique une étude intitulée “Déforestation importée. Arrêtons de scier la branche !”. Pour la première fois, un travail synthétise “l’empreinte de la France et son association à la déforestation mondiale via ses importations de matières premières agricoles et forestières.” Il montre que des produits consommés quotidiennement, tels que la viande, le diesel, le chocolat ou le caoutchouc, ont un impact à l’autre bout de la planète.
Par ses importations de 7 matières premières (soja, cacao, bœuf & cuir, huile de palme, caoutchouc naturel, bois et pâte à papier), la France aurait été à l’origine, au cours des 5 dernières années, de la déforestation de 5,1 millions d’hectares, soit l’équivalent de deux fois la superficie de la Bretagne.

Ainsi, selon WWF, “cela signifie qu’en 50 ans, nous avons potentiellement déforesté une surface équivalente à la superficie de la France métropolitaine, ailleurs dans le monde.”
Le déclin de la biodiversité
Cette étude pointe notre responsabilité dans la destruction de la biodiversité, conséquence directe de la déforestation. Pour le soja, l’huile de palme, le cacao et le caoutchouc, la moitié des surfaces consacrées à leur production se trouvent au Brésil, en Argentine, en Indonésie, en Malaisie et en Côte d’Ivoire.
Dans l’édition 2018 du Rapport Planète Vivante, qui présente tous les deux ans depuis 1998 l’état de la biodiversité sur la planète, on peut lire que “les espèces n’ont jamais décliné à un rythme si rapide, qui est aujourd’hui cent à mille fois supérieur que celui calculé au cours des temps géologiques”.
Entre 1970 et 2014, l’effectif des population de sauvages vertébrés (poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles) a chuté de 60 %. En Amérique du Sud, les 9 dixièmes des populations de vertébrés sauvages ont été perdus depuis 1970.
Faire preuve de cohérence
“La France doit faire preuve de cohérence entre ses engagements pour la biodiversité et ses politiques en matière d’agriculture et de déforestation importée.” dénonce WWF.
L’organisation salue la volonté du gouvernement d’adopter une Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée (SNDI), tout en appelant à ce que soit défini pour cela un plan d’actions avec des objectifs quantifiables et vérifiables et des moyens financiers.

En outre, pour le directeur général Pascal Canfin,“la création d’un label grand public garantissant l’absence de déforestation ou la fin des avantages fiscaux aux agrocarburants issus de la déforestation en France sont des engagements cohérents en faveur de la biodiversité.”
WWF France enjoint également les entreprises à tenir des engagements d’approvisionnement “zéro déforestation” et les investisseurs publics et privés à investir dans la réhabilitation de terres dégradées.
Quant aux citoyens, il est nécessaire qu’ils consomment autrement, par exemple en achetant moins de viande et en privilégiant les produits certifiés (Bio, FSC, etc.). Enfin, l’organisation continue de se battre pour l’abandon du projet Montagne d’Or, qui prévoit de détruire une zone en plein coeur de la forêt guyanaise pour la construction d’une mine d’or industrielle.