Procès contre les grandes entreprises qui elles-mêmes menacent de poursuivre en justice des États dans le cadre du TAFTA, pétitions pour attaquer les États qui ne respectent par leurs engagements en matière écologique, investigations qui font du bruit, quels contre-pouvoirs pourront faire plancher ces multinationales qui régissent nos vies et détruisent le vivant ?
Entre 2012 et 2018, Greenpeace a étudié onze affaires où de grandes entreprises productrices d’huile de palme et de papier avaient été condamnées dans les incendies et destructions de forêt en Indonésie. Les incendies criminels sont bien connus en Indonésie, en particulier sur l’île de Sumatra où il est plus facile et moins coûteux de brûler que de défricher. Jusqu’à 2015, c’est plus de 47 000 hectares de forêts qui sont partis en fumée. En 2015, c’est 2 millions d’hectares qui sont partis d’un coup. Le nuage de fumée s’est répandu eu Malaisie et sur Singapour, entraînant selon des études de Harvard et Colombia plus de 100 000 morts prématurées.
L’étude de Greenpeace montre que des entreprises indonésiennes doivent 1,3 milliards de dollars d’amende, principalement pour les incendies de 2015. Ces sommes n’ont toujours pas été versées et le ministère de l’environnement indonésien se refuse à tout commentaire.
L’Indonésie et la Malaisie se partagent 90 % de la production mondiale d’huile de palme. Quand les intérêts des multinationales rencontrent autant celles des États, comment imaginer que la justice puisse faire contre-pouvoir ?

En France, le réflexe reste très ancré dans un rapport à l’État, 2 millions de personnes ont signé la pétition L’Affaire du siècle soutenant un recours en justice contre l’État pour le non respect des Accords de Paris. Les jeunes rejoignent le mouvement des Grèves pour le Climat et chaque semaine, donnent des leçons au gouvernement.
Mais les États peuvent-ils encore beaucoup ? Face à l’ampleur de la catastrophe, les citoyens lèvent la tête et regardent là-haut. Ôtages en partie consentants de la grande distribution, ils préfèrent faire appel à ceux qui sont censés les protéger. Pouvoirs judiciaires et politiques sont-ils donc des armes pour lutter ou pour nous donner l’illusion d’agir ?