« Défendre l’environnement n’a jamais été aussi crucial, ni aussi meurtrier. » Les rapports de Global Witness et de Front Line Defenders mettent en lumière le lourd tribut payé par les défenseurs des droits humains et environnementaux.
Assassinats
Le 30 décembre 2017, au Pérou, José Napoleón Tarrillo Astonitas, voit quatre hommes faire irruption chez lui. Ils lui lient les mains et les pieds, le rouent de coups à l’aide d’un bâton et l’étranglent avec un câble électrique tandis que sa femme, la tête recouverte d’une couverture, entend ses cris.
Le 5 février 2018, au Kenya, Esmond Martin est poignardé au cou à son domicile. Il avait 76 ans.
Le point commun entre ces deux hommes ? Ils ont été assassinés pour avoir défendu l’environnement.
Les assaillants d’Astonitas avaient été payé pour le tuer car celui-ci s’opposait à des trafiquants responsables de déforestation et de destructions dans la réserve écologique de Chaparrí. Ce milieu est particulièrement riche en espèce d’animaux rares, comme l’ours à lunettes.
Martin, lui, travaillait sur un rapport décrivant le rôle croissant de la Birmanie dans le trafic illégal d’animaux sauvages. Il avait déjà produit plusieurs écrits pour dénoncer le braconnage des éléphants. Une de ses enquêtes avait contribué en 2017 à la décision de la Chine de fermer son marché légal de l’ivoire.
Leur combat
Le rapport de Front Line Defenders, publié en janvier 2018, dénombre 312 défenseurs des droits humains et environnementaux assassinés au cours de l’année 2017. La majorité d’entre eux défendaient des droits environnementaux, fonciers et autochtones. Ils s’opposaient à des projets d’industries extractives et de grandes entreprises.

84% avaient été menacés de mort avant leur assassinat, sans que les gouvernements et la communauté internationale n’aient réagi.
L’ONG ne compte que les militants tués, mais rappelle que les défenseurs de l’environnement subissent de nombreuses pressions comme des viols, des procès, des menaces de mort.
Quels responsables ?
27 pays sont concernés par ces violences. 80 % des assassinats ont été commis dans quatre pays : le Brésil, la Colombie, le Mexique et les Philippines.
C’est l’industrie agroalimentaire qui est le secteur le plus lié aux meurtres d’activistes, détrônant de peu les entreprises d’exploitation minière, révèlent l’ONG Global Witness et The Guardian.
Ces deux domaines regroupent à eux seuls 60 % des homicides,
Presque toujours, les luttes émergent dans des contextes de mégaprojets de l’industrie extractive, de l’agriculture industrielle ou touristique, ou d’autres projets de grandes entreprises.
Dans certains cas, les gouvernements ne font « que » rester passifs. Mais parfois, les forces de sécurité de l’État sont elles-mêmes responsables de massacres.
Quant à l’impunité des assassins, elle est évidente et encourage d’autres actes violents. Moins de 12 % des meurtres ont donné lieu à l’arrestation de suspects.
Ainsi, les violences contre des centaines de militants pacifiques dans le monde ne semblent pas prêtes de cesser. Rappelons, comme Global Witness, qu’« ils se battent pour leur foyer, leurs terres…mais aussi pour les milieux naturels, les forêts, les rivières desquelles l’humanité dépend ».
Image à la une : Ravi Mishra / Global Witness / AFP