Au Royaume-Uni, le projet d’extension de l’aéroport de Bristol a été rejeté par les conseillers de North Somerset à la suite d’une mobilisation populaire mettant en avant ses conséquences néfastes par rapport à l’urgence climatique, la santé des populations, la faune et la flore. Une décision historique qui donne espoir à l’international, notamment en France.
Agrandir un aéroport, une décision écocidaire en ces temps de crise
C’est un article de The Guardian qui a fait remonter la nouvelle. Apportée et recommandée par un organisme public, l’expansion de l’aéroport de Bristol devait être approuvée par le conseil de North Somerset qui avait été informé que l’autorité pourrait enclencher une enquête publique coûteuse s’il refusait le projet d’agrandissement.
Mais après une réunion de quatre heures et demie à Weston-super-Mare, les conseillers ont décidé de rejeter les plans d’expansion par 18 voix contre sept. Le plan d’agrandissement prévoyait d’augmenter la capacité de l’aéroport de 10 à 12 millions de passagers à l’année, en construisant notamment un nouveau terminal, des voies de taxis et un parking de 3000 places qui auraient détruit la ceinture verte qui entoure l’aéroport existant.
Adrian Gibbs, consultant en environnement, a déclaré lors de la réunion spéciale du comité de planification et de réglementation du conseil que l’aéroport aurait eu besoin de planter des millions d’arbres chaque année pour compenser le CO2 généré par l’extension. Il a ajouté :
« Notre maison est en feu. Agrandir un aéroport, c’est y jeter du carburant. »
Il y a deux ans, la Ville de Bristol avait déjà marqué un engagement fort en faveur de l’écologie en déclarant l’urgence climatique. La décision du Conseil de North Somerset réaffirme sa volonté de privilégier la résilience et le maintien des conditions de vie sur Terre, plutôt que des intérêts économiques court-termistes.

La lutte contre les projets d’agrandissement aéroportuaires en France
Les militants écologistes ont qualifié la décision d’historique et espèrent qu’elle incitera d’autres autorités à rejeter les plans d’expansion d’aéroport partout dans le monde.
« Le saviez-vous ? Il est possible de prendre ou faire prendre des décisions courageuses suite à une exigence et une mobilisation de la population. On s’y met en France ? Justement, une douzaine d’extension d’aéroports sont prévues chez nous également et des collectifs se battent contre ça : rejoignez-les donc sur superlocal.team ! » a ainsi réagi Victor Vauquois, l’un des organisateurs du mouvement Superlocal
Parmi ceux-ci, l’aéroport de Nice Côte d’Azur veut ainsi agrandir le terminal 2 sur 25 000m2 pour accueillir 4 millions de passagers supplémentaires par an. Trois associations de défense de l’environnement – Collectif citoyen 06, France Nature environnement PACA et Alpes-Maritimes et Capre 06 – ont déposé un recours au tribunal administratif mercredi 5 février pour exiger que les travaux soient « suspendus immédiatement » et protéger la zone Natura 2000 dans laquelle doit être construite l’extension.
En Ile-de-France, 62 maires ont envoyé une lettre au Président de la République, Emmanuel Macron, pour lui demander l’abandon du projet de terminal T4 de Roissy qui devrait entraîner « une augmentation de 40% du trafic aérien avec 500 vols supplémentaires par jour et 40 millions de passagers par an », et « une augmentation considérable des émissions de CO2 pour lesquelles la France a pourtant pris l’engagement de les réduire à 230 millions de tonnes d »équivalent CO2 d’ici 2037. »
Partout sur le territoire, la lutte contre les projets d’agrandissement aéroportuaires est donc lancée, espérons que la décision courageuse de Bristol ramène les soutiens de ces projets à la raison.