Pour la première fois des scientifiques ont réussi à mesurer précisément le rythme de la hausse du niveau des océans. Ainsi, les travaux suggèrent que le niveau marin est monté de 25 à 30 % plus vite entre 2004 et 2015, qu’entre 1993 et 2004.
L’équipe franco-suisse du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (Toulouse) dirigée par Anny Cazenave a publié dans le dernier numéro de la revue Geophysical Research Letters la première étude empiriquement fondée, depuis 1993, faisant état de l’accélération de la montée des eaux. Jusqu’à présent les observations satellites ne corroboraient pas les résultats attendus d’après les calculs effectués sur la perte de masse des calottes glaciaires.
Alors que les chiffres montraient que le seul islandsis du Groenland avait perdu environ 35 milliards de tonnes de glace par an dans les années 90, contre 215 milliards de tonnes par an en moyenne entre 2002 et 2011, les observations satellites continuaient de relever une augmentation continue et uniforme depuis les années 90. Il s’est alors avéré que le fautif était l’altimètre Topex B, placé sur le satellite américano-européen Topex-Poséidon. Lancé en 1992, l’appareil a évalué la montée des eaux avec une dérive significative, c’est-à-dire que l’instrument Topex B a systématiquement exagéré les mesures prises.

L’équipe de chercheurs franco-suisses a donc décidé de refaire tous les calculs à partir des données disponibles sur l’élévation du niveau des mers (dilatation thermique des océans, fonte des glaces continentales, perte de glace des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique, volume des retenues d’eau douce) en ne prenant comme estimation satellite de référence que les données postérieures au remplacement de Topex B (c’est-à-dire après 1999). « Or, après avoir fait des moyennes d’ensemble, nous trouvons que la somme de toutes ces composantes présente un très bon accord avec les mesures satellites de hausse du niveau moyen des mers, mais seulement à partir de 1999 », explique Mme Cazenave.
« Or, après avoir fait des moyennes d’ensemble, nous trouvons que la somme de toutes ces composantes présente un très bon accord avec les mesures satellites de hausse du niveau moyen des mers, mais seulement à partir de 1999 »
Après avoir pris en considération la dérive de Topex B, les chiffres de la montée des eaux entre 1990 et 1999 ont pu être revus à la baisse passant à 2,5mm par an entre 1993 et 2004 puis 3,3mm entre 2004 et 2015. Même si la tendance générale attribuée à la hausse du niveau des eaux doit désormais être elle-aussi revue à la baisse, à l’inverse l’accélération de cette tendance est quant à elle alarmante. En effet, il apparaît que le niveau marin est monté de 25% à 30 % plus vite entre 2004 et 2015 qu’entre 1993 et 2004 ; à ce rythme-là nous ferions bien de commencer dès à présent à construire notre Arche…

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