Cet été, dans une France écrasée par la canicule, la gestion de l’eau fut au cœur des débats. Les données du World Resources Institute, organisation indépendante américaine rassemblant un grand nombre d’experts, y font écho. Elles annoncent qu’en 2030 un quart de la population mondiale connaîtra de graves pénuries d’eau.
17 pays se révèlent particulièrement en danger face à ce manque, la plupart au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, auxquels s’ajoutent l’Inde et le Pakistan. Des centaines de millions de personnes se trouveront exposées à un stress hydrique extrême, et de grandes métropoles dont São Paulo, Mexico, Le Cap ou Madras devront faire face à de graves crises sanitaires.
Tensions actuelles
Aujourd’hui, les conséquences de la mauvaise gestion de l’eau se font déjà sentir. Le Honduras, manquant de programmes réels d’irrigation, voit des milliers de paysans quitter ce qui est devenu le “corridor sec” pour rejoindre les États-Unis.

Dans de nombreux pays, les nappes phréatiques se trouvent complètement surexploitées. À Mexico par exemple, le surpompage de l’eau souterraine est tel que par endroits le sol s’enfonce de 9 à 11 mètres.
Des conflits pour le contrôle des ressources se profilent et tendent à se multiplier
La Turquie, avec l’annonce de la construction de 22 barrages sur le Tigre attise la colère de ses voisins l’Irak et la Syrie, qui craignent des détournements de leurs ressources. Des tensions se manifestent déjà entre l’Égypte et l’Éthiopie à cause du barrage de la Renaissance sur le Nil.
L’agriculture en cause
Au cours des dernières années, la consommation d’eau a décuplé, notamment pour alimenter le secteur de l’agriculture. « L’eau agricole est le vrai enjeu. » martèle Alexandre Taithe, de la Fondation pour la recherche stratégique, « 90% de l’eau consommée dans le monde l’est pour le secteur agricole. »
Le problème ne réside pas seulement dans la consommation d’eau pour arroser les cultures, mais aussi dans la pollution des cours d’eau par l’agriculture. Si le sujet est houleux en France, il constitue au Pakistan une véritable crise sociale.

Représentant moins de 5 % du PIB, les agriculteurs y consomment près de 90 % des ressources en eau. De plus, la pollution des rivières y est catastrophique. Les eaux usées s’y mélangent, contenant des déchets de toutes sortes, des métaux lourds et des effluents industriels toxiques, provoquant la mort de dizaines de milliers de personnes.
La gestion de l’or bleu
Les scientifiques considèrent pourtant que la planète possède les ressources hydriques suffisantes pour faire vivre tous les humains. Bien plus que des facteurs naturels, c’est la mauvaise gestion de l’eau par l’Homme qui se trouve en cause.
Pour l’hebdomadaire Courrier international, « la problématique de l’eau, fracture mondiale majeure, est sans doute la prochaine frontière : avec les pénuries viennent les migrations, puis les conflits. L’eau est une question environnementale, sociétale, économique et géopolitique. »