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Cultures hors sols, produits importés et emballés : l’arnaque des fruits et légumes bio de supermarché

Selon l’ADEME, Agence de Transition Écologique, un fruit hors-saison bio importé par avion entraînerait la consommation de 10 à 20 fois plus de pétrole que le même fruit produit localement et acheté en pleine saison.

Les débats sur l’alimentation et le respect du vivant son souvent réduits à l’alternative : bio ou pas bio. « Bio », une appellation devenue aussi une marque qui achète notre bonne conscience. Or, comme toujours, le problème est bien plus complexe et les paramètres de respect du vivant bien plus nombreux. Acheter local et de saison, par exemple, sont des critères essentiels. Une tomate bio produite en serre ou un fruit exotique bio ayant parcouru la planète ne sont évidemment pas respectueux de l’environnement.

Les supermarchés ont fait le pari de proposer au consommateur la même offre, mais avec le label Bio. Et dans ses rayons, un détail frappe tout de suite : les fruits et légumes sont emballés dans du polyester. Par quatre ou par deux, les poivrons et les courgettes d’Espagne sont vendues en plein hiver, soigneusement emballés. Au rayon bio des supermarchés, on trouve donc des fruits et légumes importés, hors saison et emballés. Comment en est-on arrivé à cette aberration ? 

Le marché du bio se porte bien. Son augmentation est impressionnante : plus de 20 % en 2017. Selon l’Agence Bio, plus de 9 Français sur 10 déclaraient en 2018 consommer des produits bio, près des trois quarts au moins une fois par mois. Partout en France les surfaces de production agricole bio augmentent, et représentent aujourd’hui près de 10% des exploitations. Seulement voilà : 42 % des produits bio de supermarchés sont importés

Emblématique d’un mode de production intensif, de monoculture et largement dépendant de l’exportation, l’agriculture espagnole est un désastre pour l’environnement et pèse très lourd pour les agriculteurs français du fait du faible coût de la main d’œuvre espagnole. Les contrôles par des organismes comme Ecocert ou Bureau Veritas ne se font qu’une fois par an, laissant place aux fraudes. Et tous les ingrédients de désastre pour l’environnement sont réunis : des surfaces bien plus grandes qu’en France permettant une économie de production, des machines qui ne roulent pas aux énergies propres, de la monoculture, d’immenses frigos, un transport coûteux.

Selon l’ADEME, Agence de Transition Écologique, un fruit hors-saison bio importé par avion entraînerait la consommation de 10 à 20 fois plus de pétrole que le même fruit produit localement et acheté en pleine saison.

Bien que la culture hors sol soit un critère éliminatoire pour être certifié Bio, aujourd’hui encore de nombreux pays de l’Union Européenne bénéficient de dérogations et peuvent cultiver des fruits et légumes dans des bacs. Ces dérogations ne seront plus autorisées en 2021 mais les pays auront dix ans pour se mettre aux normes, malgré les réserves émises par la France.

L’emballage des produits bio répond à l’exigence de ne trouver aucune  trace de produit phytosanitaire ou de produit de nettoyage. Pour cela, les plateformes qui distribuent à la fois les produits conventionnels et les produits bio doivent assurer qu’il n’y ait pas de mise en contact. La solution trouvée : l’emballage des produits bio. Ces emballages permettent également un étiquetage publicitaire où les logos verts et les slogans vont bon train. De quoi attirer l’œil du consommateur et augmenter au passage le prix du produit. 

En France 43 % des produits bio sont consommés en supermarché. De quoi nous alerter sur le travail qu’il reste à faire : au lieu de se focaliser sur un label, c’est l’ensemble du processus qu’il faut comprendre. Une alimentation respectant le vivant n’est pas celle qui consiste à consommer de la même manière avec le label bio, mais à changer nos habitudes. On attend une étude comparative sur la variété des fruits et légumes consommés entre ceux qui mangent local et ceux qui mangent hors saison, y compris bi. Car à ceux qui se demanderaient « Mais qu’est-ce que je vais manger en hiver si je ne peux plus manger tomates, courgettes, poivrons, concombres? » ignorent sans doute l’extraordinaire variété de légumes qui poussent sur nos sols et que des agriculteurs cultivent dans toutes les régions. Éducation, information, concertation, sont peut-être bien la clé. À moins que ce ne soit le simple bon sens.

Sarah Roubato

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