Maison d’édition et média indépendants, sans actionnaire et sans pub, financés par la vente de nos livres

Coup de pression et intimidation, quand les forces de l’ordre dépassent les bornes…

« Plus de 200 interpellations, 109 personnes placées en garde à vue ». Après la manifestation du 1er Mai pour la fête des travailleurs, la préfecture de police brandit fièrement ces chiffres. Un coup de filet inédit qui permettrait de démanteler une partie de ce fameux « black block » qui fait tant couler d’encres. Des chiffres importants qui […]

« Plus de 200 interpellations, 109 personnes placées en garde à vue ». Après la manifestation du 1er Mai pour la fête des travailleurs, la préfecture de police brandit fièrement ces chiffres. Un coup de filet inédit qui permettrait de démanteler une partie de ce fameux « black block » qui fait tant couler d’encres. Des chiffres importants qui auraient donc permis d’arrêter plusieurs manifestants violents. Quatre jours plus tard, cette opération apparaît plutôt comme une véritable mascarade. Dossier vide, garde à vue prolongée sans aucune raison, ce coup de filet met en lumière les politiques de répression de n’importe quel mouvement d’opposition mise en place par le gouvernement. 

« C’était l’enfer, tout simplement » , « toutes les deux heures on nous disait qu’on allait sortir mais finalement on restait coincé dans cette cellule. On a subi une véritable torture psychologique », voilà comment Manu et Madame C décrivent leur garde à vue.

Ces deux jeunes de 19 ans ont été arrêté vers 21h rue Cujas alors qu’ils étaient en compagnie d’amis. Ce qu’on leur reproche ? Leur blouson noir, la possession d’un masque de peinture, et leur participation à la manifestation de l’après-midi. Pour Carine, on lui reproche également le port d’une écharpe rouge. Des faits bien maigres qui auront donc malgré tout coûté 70 heures particulièrement pénibles à ces jeunes gens. 48 heures en garde à vue, puis 20 heures d’attente jusqu’au passage en référé devant un juge.  Ils racontent : « dans la cellule, il y avait une énorme flaque de pisse qu’on a du essuyer avec notre unique couverture (Carine était avec une autre femme dans sa cellule). La police ne nous en a pas filé une autre avant que la cellule d’à côté nous fasse parvenir la leur ». Un exemple parmi d’autres des conditions exécrables des gardes à vue. 

Loin d’être une exception, ces arrestations sans fondement ont plutôt été la règle mardi dernier. Un autre témoin raconte « j’étais avec mes amis quand je suis parti aux toilettes dans un bar. Quand je suis revenu, mes amis étaient entourés de policiers qui ont embarqué tout le monde ! Il y avait même une mère avec ses deux enfants ! ». Et les chiffres confirment ce témoignage. Dans l’audience de la 23ème chambre du tribunal correctionnel de Paris à laquelle nous avons assisté vendredi après-midi, les trois comparussions immédiates qui ont été acceptées par les prévenus se sont soldées par une relaxe. 

C’est peu dire que ces auditions ressemblaient à du grand n’importe quoi. Des dossiers vides, sans preuve, et une procureure qui, face aux manques de faits matériels, posait des questions surréalistes. Voici, par exemple, un dialogue qu’elle a tenu avec Madame C.

« Pourquoi allez-vous à la manifestation avec ce genre d’instruments ?

– J’ai constaté que lors des manifestations, il y avait parfois des tirs de lacrymogènes qui pouvaient être néfastes pour le nez, la gorge ou les yeux, et je ne voulais pas en pâtir ou en subir les séquelles, répond la jeune femme dans un langage presque châtié. Je n’étais pas à l’avant du cortège, j’ai porté ce masque à partir du moment où des gaz lacrymogènes se sont propagés autour de nous.

– Pourquoi, à ce moment-là, avez-vous mis votre masque au lieu de quitter la manifestation ?

– Il me semblait que ma présence était importante pour mes convictions, et les gaz lacrymogènes, bien que très incommodants, n’étant pas mortels, j’ai préféré rester.

– En quoi votre présence était-elle importante ? 

–Madame la Procureure, je cherchais uniquement à exprimer mes opinions. Nous n’avons commis aucune violence. Je pense qu’il y a un problème en France avec la façon dont la politique est menée, et je voulais montrer mon soutien aux personnes qui s’y opposent. »

Qu’une simple illustration du ridicule de la représentante du Ministère Public.  Quand on interroge Madame C à la sortie du tribunal sur la dernière question : « J’ai trouvé cette question dégueulasse, le tribunal ne doit pas juger les opinions mais les faits, mes opinions ne les regardent pas. Le tribunal n’a pas le droit de me juger là-dessus ». Manu et elle avouent ainsi qu’ils ont accepté la comparution immédiate sur le conseil de leur avocat, « le dossier était tellement inexistant, c’était ridicule… autant en finir vite ! ». 

Ces 200 interpellations suivies de plus de 100 gardes à vues étaient donc avant tout un grand coup de communication, les auteurs des violences étant pour la plupart passés entre les gouttes. Cette logique d’intimidation n’a pas eu de conséquences juridiques (Manu et Madame C ont été relaxé), mais a eu de réelles répercussions qu’elles soient mentales ou matérielles. Les deux jeunes gens affirment ainsi que cette garde à vue a « à 100% » influé sur leur décision de ne pas prendre part à « La fête à Macron » ce samedi 5 mai. 

Crédit à la une : Philippe LOPEZ / AFP

image 15672

Pour commander notre nouveau Livre-Journal, cliquez sur l’image !

Pierre Jequier-Zalc

Faire un don
"Le plus souvent, les gens renoncent à leur pouvoir car ils pensent qu'il n'en ont pas"

Votre soutien compte plus que tout

Découvrez Forêts, un livre puissant qui va vous émerveiller

Forêts est le seul livre en France qui propose un tour d’horizon aussi complet sur le monde végétal. Pour comprendre comment protéger le cycle de l’eau, notre livre «Forêts», écrit par Baptiste Morizot, Thierry Thevenin, Ernst Zurcher et bien d’autres grands noms, vous donne toutes les clés de compréhension pour comprendre et vous émerveiller sur la beauté de nos végétaux.

Pour comprendre et savoir comment protéger le cycle de l’eau, notre livre «Forêts» est fait pour vous.

Articles sur le même thème

Revenir au thème

Pour vous informer librement, faites partie de nos 80 000 abonnés.
Deux emails par semaine.

Conçu pour vous éveiller et vous donner les clés pour agir au quotidien.

Les informations recueillies sont confidentielles et conservées en toute sécurité. Désabonnez-vous rapidement.

^