Alors que peu d’hommes politiques s’engagent pour interdire la corrida en France, la fondation 30 millions d’amis adresse une pétition au président de la République afin d’obtenir son abolition
La place de la corrida dans la loi
La corrida suscite, depuis toujours, des débats virulents entre ses défenseurs et ses opposants. En effet, considérée comme une pratique cruelle par les défenseurs des animaux, la corrida reste un cas « d’exception » dans le droit français.
Juridiquement, le code pénal stipule, dans l’article 521-1, que les actes de cruauté contre les animaux sont punis par la loi :
« Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende ».
Cependant, le même texte prévoit des exceptions : « les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. »
Ainsi, pour les opposants, cette notion de « tradition locale ininterrompue » reste floue et encourage les pratiques de tauromachies telles que l’affrontement du taureau lors de combat ou encore de jeux sportifs ou burlesques.

Par ailleurs, un arrêt de la cour d’appel de Toulouse datant de 2000 délimite les régions de France où la corrida est « tolérée en raison d’une forte tradition taurine ». Ainsi, la pratique reste autorisée dans le sud.
Vers son abolition ?
Alors qu’en janvier 2015, l’ONU demandait l’interdiction aux les mineurs d’accéder aux arènes, c’est ensuite la cour administrative qui décida d’éliminer la corrida du patrimoine immatériel de la France en 2016. Avec ce retrait, une certaine « légitimité » fut alors enlevée à la pratique, mais cela ne suffit pas pour les défenseurs du bien-être animal.
La pratique est aujourd’hui interdite en Catalogne depuis 2010 et les associations espéraient que cela impacte la « popularité des corridas dans le sud de la France ». Ce n’est néanmoins pas le discours du patron des arènes de Nîmes, dans lesquelles se déroulent toujours des corridas avec mise à mort :

« C’est inscrit en nous, notre histoire, notre culture. Il s’agit d’une réalité très concrète. Les opposants à la tauromachie n’ont pas la capacité à reconnaître les valeurs qu’elle porte ».
De son côté, la fondation 30 millions d’amis demande la suppression du 7e alinéa de l’article du code pénal ainsi que l’interdiction « totale et définitive » de la corrida en France. Une pétition adressée au président de la République a déjà atteint les 80 498 signatures. Cette demande d’abolition rappelle également que « 74 % des français se prononcent pour l’interdiction pure et simple » de cette pratique.
En France, environ 70 corridas ont lieu chaque année et 40 000 taureaux sont tués par l’industrie de la tauromachie en Europe, selon l’association Animal Cross.