Pendant l’épidémie de coronavirus, des compagnies aériennes font voler des avions à vide pour ne pas perdre leurs créneaux de vol, brûlant et gaspillant des milliers de litres de carburant pour rien.
Des vols à vide
Derrière cette situation ubuesque, une règle surnommée « use it or lose it » : celle de lois européennes imposant aux compagnies aériennes d’effectuer 80% de leurs vols si elles ne veulent pas perdre les créneaux qui leur sont attribués au profit de leurs concurrents.
Résultat : certaines compagnies aériennes ont gaspillé des milliers de litres de carburant en faisant voler les avions vides à destination et en provenance de l’Europe
Face à cette situation aberrante,le ministre britannique des transports, Grant Shapps, a écrit à la Commission Européenne pour lui demander d’abolir cette règle, au moins durant le temps de la propagation du coronavirus, indiquant qu’une pause temporaire était une décision sensée à la fois sur le plan environnemental et financier. Même demande de la part du ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
Si l’alerte a été lancée par le Times concernant les compagnies aériennes britanniques, la situation est pour l’instant similaire dans de nombreux pays européens, dont la France. Un journaliste de France2 postait ainsi la photo d’un avion Rome – Paris totalement vide le 7 mars, tandis qu’un passager a témoigné avoir pris un vol Bordeaux – Paris avec seulement 5 passagers à bord la semaine passée.
Le secteur aérien, une activité en hausse malgré son impact climatique
En France, le secteur aérien bénéficie toujours de larges faveurs gouvernementales, avec l’autorisation actée ou en cours de nombreux projets d’extension d’aéroports partout sur le territoire : le projet de Terminal 4 de Roissy pourrait notamment générer une hausse de trafic aérien de 38% d’ici 2037, selon ADP. A Nice, l’augmentation du nombre de passagers liée à l’extension du Terminal 2 est de plus de 50% à l’horizon 2030, pour 22 000 vols supplémentaires par an.
En Europe, les émissions de gaz à effet de serre du secteur aérien ont doublé depuis 1990, et pourraient tripler d’ici à 2050 sans action politique d’envergure.
Face à ce constat, Réseau Action Climat rappelle que la croissance du trafic aérien n’est pas compatible avec le respect des engagements climatiques de la France, dont le jour du dérèglement a déjà été franchi cette année !
« C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de stopper dès aujourd’hui les projets d’extension d’aéroport et d’orienter véritablement le secteur sur la trajectoire de neutralité carbone fixée par la France. » explique ainsi l’ONG dans son communiqué