Comme chaque année, la COP26 va accueillir de nombreuses délégations pour trouver des accords ambitieux face à la crise climatique. L’un des principaux objectifs en 2021 : la dette des pays du Nord envers les pays du Sud. C’est aussi la première fois depuis la COP21, qui a conclu à l’Accord de Paris, que les pays signataires vont devoir revoir et justifier leurs engagements. Le président français, Emmanuel Macron, a appelé les « plus gros émetteurs » de gaz à effet de serre à « rehausser leur ambition dans les quinze jours » de la COP26. Un discours hypocrite pour les décrocheurs de portraits présidentiels venus dénoncer le bilan catastrophique du président français en matière climatique à l’ouverture de la COP26. Voici leur histoire.
Un discours hypocrite
Lundi matin, en guise de cérémonie d’ouverture de la COP26 à Glasgow, une trentaine d’activistes d’Action non-violente COP21, Extinction Rebellion UK et 350.org ont mené une action ciblant la responsabilité d’Emmanuel Macron dans l’emballement climatique.
Malgré la très forte présence policière aux abords de l’endroit où vont se tenir les négociations internationales sur le climat, les activistes ont brandi, tête à l’envers, 9 des 151 portraits du président français réquisitionnés dans les mairies depuis février 2019 pour dénoncer l’incohérence entre ses grandes déclarations sur le climat et la réalité de sa politique. Les activistes ont ensuite déposé les 9 portraits présidentiels, tête en bas, à l’entrée de la COP26.
La banderole « Climate Emergency, Macron Guilty » (Urgence climatique, Macron coupable), résonne avec la récente condamnation dans le cadre de l’Affaire du Siècle, appuyée par plus de 2,3 millions de citoyens : la justice a ordonné à l’État français de prendre « toutes les mesures utiles » pour réparer le préjudice écologique causé par le dépassement illégal de ses budgets carbone, d’ici au 31 décembre 2022.
Dans le même temps, 84 militants d’ANV-COP21 subissent des procès dans toute la France – déjà 48 procès passés ou prévus – pour décrochage de portrait présidentiel.

Si Paris ne respecte pas l’Accord de Paris, alors qui ?
« En tant que citoyens et citoyennes de France, nous venons rappeler que le président Macron figure parmi les pyromanes du climat, et non parmi les pompiers. Sa politique climatique est désavouée par les scientifiques, par les jeunes, et même condamnée par la justice française. En tant que pays riche et qui plus est hôte de la COP21, la France devrait être exemplaire, mais elle ne respecte même pas ses propres engagements dans le cadre de l’Accord de Paris. » affirme Marie Cohuet, porte-parole d’Action non-violente COP21.
À la veille de l’élection présidentielle et de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, les activistes pointent l’agenda d’un président promoteur de croissance verte et de fausses solutions, incompatibles avec l’urgence climatique.
Ils redoutent qu’Emmanuel Macron ne se serve une fois de plus d’une tribune internationale pour verdir son image, sans impulser les changements structurels indispensables pour lutter contre le dérèglement climatique.

Pour les militants, la mobilisation citoyenne doit être la contrainte qui manque à l’Accord de Paris.
« Les discours anesthésiants d’Emmanuel Macron sont pires que l’inaction : ils renforcent l’illusionque la France serait sur la trajectoire de l’Accord de Paris. C’est faux, on en est loin, et cette illusion repousse la mise en place d’actions concrètes. », juge Nicolas Haeringer, porte-parole de 350.org.
L’action prend fin sur un montage sonore de la chanteuse Emma Beatson débutant par la phrase d’Emmanuel Macron « Make our planet great again », progressivement recouverte par le discours sans appel de Greta Thunberg qui dénonçait en septembre dernier à Milan l’irresponsabilité des décideurs économiques et politiques.
« Face au bla-bla des dirigeants du monde, et en particulier des pays riches, nous appelons les citoyens à se mobiliser pour exiger des actes. Nous sommes la contrainte qui manque à l’Accord de Paris. Le mouvement climat grandit. Le changement est inéluctable » déclare Charles de Lacombe, un des 84 activistes poursuivis en justice pour avoir décroché un portrait d’Emmanuel Macron.
Action non-violente COP21 appelle à participer aux mobilisations prévues dans le monde entier pendant la COP26, notamment à la marche mondiale du 6 novembre prochain.
Crédit photo couv : Action à la COP26 par les décrocheurs du portrait de Macron – Basile Mesré-Barjon pour ANV-COP21