Quand on parle bio ou local, on pense surtout à la nourriture. Mais il est un produit, une plante, qui est consommée en quantité industrielle, et cela, non pas pour nous nourrir, mais simplement pour « faire plaisir » : les fleurs d’agrément.
Les impacts néfastes des fleurs industrielles
La semaine dernière, à l’aéroport de Bierset en Belgique, une quarantaine d’avions en provenance du Kenya, d’Éthiopie, d’Israël ou encore d’Équateur sont arrivés pour larguer leur cargaison. La St Valentin est la haute saison pour le commerce des fleurs coupées.
Difficile de connaître la provenance des fleurs, car le marché de la floriculture échappe à l’obligation de traçabilité. Une chose est sûre : la rose n’est pas une fleur d’hiver ! Si vous achetez une rose, elle est forcément importée. Si les Français importent principalement des Pays-Bas, le bilan en termes de destruction de l’environnement et d’énergie est désastreux.
Les Pays Bas, premier exportateur importateur et producteur mondial de fleurs (19 millions par jour), y consacrent 7% de leur surface agricole.
Pour être productif : des serres commandées par des ordinateurs qui contrôlent le taux d’humidité et la lumière, des panneaux automatiques, des stores, des lampes, et bien sûr des produits phytosanitaires et fertilisants. Puis un transport en camion réfrigéré dans toute l’Europe. À tel point que la rose kenyanne, qui parcourt pourtant 7000 kilomètres en avion, a un bilan carbone moins élevé que la rose néerlandaise, selon Reporterre.
La fleur, devenue marchandise, est cotée en bourse et soumise aux lois du marché. Royal FloraHolland est une société néerlandaise qui accueille la plus grande vente aux enchères de fleurs au monde : chaque jour, ce sont 20 millions de fleurs qui sont vendues dans cette véritable bourse florale.
À trop respirer cette « fleur qui sent bon », on s’expose à tous les produits dont on l’a bombardé. Les personnes asthmatiques ou fragiles aux irritations respiratoires et rhinites allergiques ne devraient pas s’exposer trop souvent aux fleurs. Mais alors, que va-t-on offrir pour dire à nos proches qu’on les aime ?

Slow flower, le respect du cycle des saisons
Des associations et groupements de fleuristes se battent pour que leur métier retrouve son sens et le respect des saisons et du cycle naturel. Le mouvement Slow Flower, né en Angleterre, se développe dans plusieurs pays, et tente de remettre en valeur les fleurs locales et de saison, en mettant en lien les horticulteurs et les consommateurs.
« Le mouvement Slow Flower est une réponse à la déconnexion entre l’humain et les fleurs dans le monde moderne. »

Le mouvement cherche à sensibiliser les consommateurs pour que derrière les fleurs, nous comprenions qu’il y a une terre, des conditions météo, et des cultivateurs. En encourageant l’achat de la production locale et de saison, ce sont des centaines de variétés de fleurs délaissées qui pourraient repeupler nos champs. Le label Fleurs de France créé par le ministère de l’Agriculture garantit la provenir française des fleurs. Le collectif de la Fleur Française a créé l’annuaire Slow Flower des fleurs françaises.
Le « retour » des fleurs dans nos sociétés raconte ce désir d’authenticité, de générosité et de vivre ensemble autrement.
Ces horticulteurs qui respectent le cycle des saisons retrouvent le sens même de leur travail : offrir des produits qui ne sont jamais les mêmes. Bien loin des fleurs produites en serre à cadence industrielle qui ont toutes la même taille, la même couleur et la même coupe, ils tentent de nous montrer la beauté de la diversité et de l’unicité de chaque bouquet.
À condition que nous voulions bien revoir notre manière de remercier, de féliciter ou de dire « je t’aime ».