Quand la contraception sera-t-elle vraiment l’affaire de tous ? Cela fait plus de 50 ans que la pilule est légale. Et si la contraception féminine est majoritairement connue, la contraception masculine est beaucoup plus discrète. A part le préservatif, qu’en est-il vraiment ?
La vasectomie, méthode populaire outre-atlantique encore timide en France
Le site choisirsacontraception.fr, géré par Santé publique France, un établissement public sous tutelle du Ministère de la santé, classe dans un « tableau comparatif des moyens de contraception » une quinzaine de méthodes de contraception. Parmi elles, seulement deux sont des contraceptions masculines, le préservatif et… la vasectomie.
Alors qu’elle est présentée sur le site comme une « stérilisation à visée contraceptive », la vasectomie peut pourtant être réversible grâce à la vasovasostomie, selon les cas. Autorisée et pratiquée depuis 2001, la vasectomie « consiste à couper ou obturer les canaux déférents », par le biais d’une légère incision de la peau des testicules, précise la Haute Autorité de santé (HAS). Cette opération légère est réalisée en ambulatoire et généralement sous anesthésie locale. Après 8 à 16 semaines, l’arrivée des spermatozoïdes vers le pénis est bloquée.
Alors que cette méthode est entrée dans les mœurs dans des pays comme le Royaume-Uni, les Pays-bas et le Canada, les Français sont plus réticents et l’opération n’est pas très répandue dans l’Hexagone. Pour Pierre Colin, co-fondateur de l’Ardecom : « Les hommes ont peur de perdre leur virilité, de ne plus avoir d’érection, alors que la vasectomie ne change rien de tout cela. »
Autre son de cloche pour l’urologue Vincent Hupertan. Il a confié au journaliste Jean-Marc Proust être arrivé à la vasectomie par son activité de sexologue. « Certains se posent des questions, c’est vrai. La sexualité ne serait plus la même, la quantité de sperme serait moindre… En fait, les couples me contactent 3 à 6 mois après l’opération et leur sexualité a explosé. Il n’y a plus de contraintes. La femme voit que l’homme a pris les devants, qu’il est très attaché à elle… C’est un acte d’amour et c’est symbolique : il n’aura pas d’enfants après elle. Elle ne prend plus la pilule, elle est libre. C’est un nouveau démarrage du couple. » Jean-Marc Proust raconte d’ailleurs sa propre vasectomie dans cet article.
La contraception hormonale
Un communiqué du Planning Familial le précise ainsi :
« La contraception hormonale masculine reste très confidentielle. Seulement deux médecins hospitaliers, la prescrivent en France, malgré un protocole validé par l’OMS et expérimenté sur 1500 hommes depuis presque 30 ans. La quasi-totalité des médecins pensent que cette contraception masculine est encore du domaine de l’expérimentation et qu’elle ne peut être diffusée ou prescrite. »
Contraception masculine, pourquoi pas ?
La contraception hormonale masculine consiste aujourd’hui à faire une injection hebdomadaire d’énanthate de testostérone dans les muscles. Elle commence à agir après 1 à 3 mois de traitement. Des examens sont réalisés pour vérifier la concentration de spermatozoïdes, à partir du moment où la concentration de spermatozoïdes est inférieure à 1 million/ml, c’est bon.
Le plus gros frein à l’utilisation de cette contraception sont les effets secondaires ressentis chez certains hommes, très proches de ceux ressentis par les femmes qui prennent la pilule : acné, libido excessive, prise de poids, déprime…
La CMT, un remonte-couilles chaleureux
Plus originale, la Contraception Masculine Thermique est promue par Roger Mieusset, docteur au CHU de Toulouse. Cette méthode consiste à élever la température des testicules d’environ 2°C en les déplaçant du scrotum dans la poche inguinale superficielle. Dans l’étape la plus connue, les testicules sont maintenus au moyen d’un sous-vêtement ajusté (95 % coton, 5 % élastomère) dans lequel un orifice est créé au niveau de la racine de la verge. Par cet orifice, l’homme fait passer sa verge, puis la peau scrotale par traction manuelle douce, ce qui amène une remontée des testicules dans la position souhaitée.
Ce slip doit alors être porté chaque jour pendant quinze heures pour être efficace, après deux à quatre mois de traitement. Roger Mieusset détaille le procédé dans un guide disponible en ligne. Apparue au début des années 80, Roger Mieusset est maintenant le seul à prescrire cette méthode. Si le chiffre de 15 heures par jour peut sembler gros, cela ne change pas vraiment de la durée d’utilisation moyenne d’un slip pour Pierre Colin.
Vasalgel, le plus prometteur
Chaque année, il revient dans les médias : le vasalgel cristallise de nombreuses attentes. Le Vasalgel est un contraceptif non hormonal à longue durée d’action qui présente un avantage significatif par rapport à la vasectomie : il serait plus facilement réversible. Proche d’une vasectomie sans scalpel, la procédure consiste à injecter un gel dans le canal déférent (le tube que traverse le sperme), plutôt que de le couper (comme cela est fait dans la vasectomie). Si un homme souhaite rétablir le flux de sperme, que ce soit après des mois ou des années, le polymère est évacué du canal par une autre injection. Vidéo de présentation : http://urlz.fr/6Jsv
Le vasalgel est inspiré du travail d’un docteur indien ayant développé un contraceptif polymère appelée Risug. Après des résultats concluants, le projet avait été abandonné faute de moyens financiers. Le vasalgel, lui, a fait des tests réussis sur des lapins et des singes. La prochaine étape : l’homme ! Ils souhaitent lancer en 2018 les premiers essais cliniques sur une trentaine d’hommes.
2018, l’année où hommes et femmes pourront enfin choisir la contraception en égaux ?

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