Zoom sur ces acteurs qui représentent les plus gros marchands d’armes au monde et leur respect vis-à-vis du Traité sur le Commerce des Armes (TCA).

Qui sont les plus gros marchands d’armes ? 

D’après Amnesty International, les Etats-Unis sont, sans surprise, les plus gros exportateurs d’armes du monde. La France fait également partie de ce classement aux côtés de la Russie ou encore de la Chine.

Etats-Unis

Les Etats-Unis représenteraient, à eux seuls, 30% (en valeur) des transferts d’armes et ce vers plus de 170 pays. Ceux-ci restreignent leurs transferts vers la Chine, la Birmanie, le Sri Lanka, le Zimbabwe et d’autres pays visés par des décrets sur les armes par les Nations-Unies. Ils restent cependant le fournisseur n°1 de l’Egypte et de l’Israël à qui ils ne se contentent pas la vente d’armes simples, mais également la vente d’armes lourdes et d’agents chimiques.

Récemment, la polémique a été ravivée suite à l’accord de deux grands contrats militaires entre les USA et l’Arabie Saoudite, qui s’élèvent à plus de 1,4 milliard de dollars. De plus, Donald Trump souhaite fournir jusqu’à 110 milliards de dollars d’armes et de formations à Ryad. A l’inverse, Washington a de son côté publié le mois dernier une liste de 39 sociétés d’armement russes avec lesquelles il est désormais interdit de collaborer.

Russie

La Russie se place donc juste derrière les Etats-Unis sur le « podium » des plus gros vendeurs d’armes, toujours en termes de valeur des exportations. 10% des exportations de ce pays reste à destination de la Syrie. La Russie est donc à ce jour le principal fournisseur d’armes syriennes. Les armes principalement vendues sont des missiles antichars ainsi que des avions de combat MiG. Concernant les transferts opérés au Soudan, les hélicoptères de combats vendus serviraient notamment aux attaques de civils au Darfour ou encore au Kordofan du Sud, selon Amnesty International.

De plus, le pays se positionne comme un exportateur majeur dans l’armement à destination de l’Egypte mais aussi de l’Inde !

France

La France est devenue le troisième exportateur d’armement en 2017. Bien que l’hexagone soit favorable à des « critères stricts » sur ses transferts d’armes, celle-ci fournit tout de même des armes à des pays identifiés comme violant les droits humains (la Libye, Israël, ou encore la Syrie), notamment entre 2005 et 2009.

Aujourd’hui, ses principaux clients restent les Emirats arabes unis, l’Inde ainsi que l’Arabie Saoudite. En 2016, la France a exporté 20 milliards d’euros de matériel, soit 3 milliards de plus qu’en 2015. Un record historique, défendu par un contexte géopolitique « favorable » dans la lutte contre le mouvement djihadiste et par des partenariats « stratégiques » avec des pays comme le Brésil ou l’Egypte.

Chine

Secret et discrétion sont les mots d’ordres sur les données du commerce d’arme de la Chine, selon Léa Antoni responsable de la commission Armes chez Amnesty International. Il est estimé que cette puissance représenterait 5% du commerce d’armes.

Cependant, la Chine n’a pas de mal à se faire de nouveaux « clients » sur le marché. Ses exportations vont souvent vers des pays en développement, attirés par des prix bon marché. Pour exemple, un drone de combat chinois est estimé à 1 million de dollars, soit quatre fois moins que son concurrent américain. Entre 2011 et 2015, la Chine a exporté dans pas moins de 37 pays et 75% de ses ventes ont terminé en Asie ou en Océanie. Pakistan, Bangladesh, Birmanie, Thaïlande, Irak, Iran : autant de pays dont le constat en matière de droits humains est totalement contestable.

Royaume-Uni

Le Royaume-Uni fait également partie du classement de ces exportateurs d’armes. Tout comme la France, il est plutôt favorable à des « critères stricts » quant à ses transferts d’armes, mais on observe toujours des ventes opérées vers des pays où le risque de violations des droits humains est fort : Sri Lanka, Libye, Yémen, ou encore Arabie Saoudite qui reste son premier client.

Même constat donc pour l’ensemble des pays.

Le commerce d’armes vers les pays « instables » n’est-il pas régi ?

Selon Amnesty International, « chaque année, l’équivalent de 100 milliards de dollars d’armes est échangé à travers la planète, 12 milliards de balles sont produites tous les ans et 875 millions d’armes légères sont en circulation dans le monde (…) et terminent entre de mauvaises mains. »

Aujourd’hui, bien que le Traité mondiale de Commerce d’Armes (TCA) existe et interdise la vente d’armes aux auteurs de violations des droits humains, ces clauses ne sont pas respectées.

Adopté par les Nations unies en 2013, puis entré en vigueur le 24 décembre 2014, le TCA compte aujourd’hui 92 Etats parties et 130 pays signataires. Ainsi sur 10 principaux exportateurs d’armes, cinq sont membre des Etats qui ont ratifié le TCA : Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni. Mais malheureusement pas les plus gros. Les Etats-Unis sont signataires mais n’ont pas encore officiellement rejoint le traité. Quant à la Chine et la Russie ils refusent de le rejoindre.

Cet accord permet d’encourager des dispositifs répondant aux normes internationales. Celui-ci doit également permettre de « limiter la fourniture d’armes et de munitions dans les zones d’instabilité, éviter les violations du droit international humanitaire des droits de l’Homme, préserver la paix, la sécurité et la stabilité régionale, prévenir les détournements et enfin, accroitre la transparence en matière de transferts d’armements ».

Ainsi, ces pays ayant joué un rôle dans la création du TCA ne respectent pas leurs engagements.

En septembre dernier, lors de la troisième conférence des Etats parties au TCA, l’accent a donc été mis sur la transparence (avec des rapports annuels sur les exportations et importations) ainsi que la mise en œuvre de traités au niveau national.

Pour commander notre nouveau Livre-Journal, cliquez sur l’image !