Sarah Thomson, étudiante en droit de l’université de Waikato, est en audience depuis hier à la Haute cour de justice de Wellington pour attaquer le gouvernement néo-zélandais. La jeune femme l’accuse de manque d’ambition dans les objectifs climatiques fixés. Il ne s’agit pas d’une affaire isolée : un rapport de l’ONU montre que des procédures similaires ont été entamées dans 25 pays en mars 2017, dont 654 pour les seuls Etats-Unis.
Sarah Thomson vs. Nouvelle-Zélande
On peut suivre l’évolution de ce cas via le compte Twitter de l’étudiante de 26 ans, sur lequel elle accuse la ministre du Changement climatique, Paula Bennett, d’inaction écologique. Dans une entrevue accordée au Herald, elle qualifie les objectifs de la Nouvelle-Zélande de réduire de 11% le taux d’émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport au taux de 1990 et de 30% par rapport à celui de 2005, de « déraisonnables et irrationnels ». Elle prône une plus grande fermeté sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en raison de son urgence, mettant en avant les risques écologiques, économiques et humains qu’un échec de cette politique entrainerait.
James Renwick, professeur à l’université Victoria et expert du changement climatique, ainsi que James Hansen, climatologue à la NASA, apporteront des preuves devant la Haute cour de Justice. C’est d’ailleurs une conférence de ce dernier qui a poussé Sarah Thomson à agir pour le respect de l’accord de Paris.
L’ex-premier ministre néo-zélandais, John Key avait défendu les objectifs de son pays en notant qu’ils étaient plus ambitieux que ceux des Etats-Unis, de l’Australie, de la Chine ou de l’Inde. L’actuelle ministre du Changement climatique, Paula Bennett, se dit très confiante et affirme la légitimité de ce programme en disant qu’il a été fixé « après un processus de consultation approfondi ».
Le site Climate Action Tracker propose une évaluation scientifique des émissions de gaz à effet de serre de 32 pays représentant environ 80% des émissions de GES de la planète, et juge les politiques de la Nouvelle-Zélande « inadéquates », mettant en avant leur inefficacité. Les prévisions qu’il établit dans l’état actuel des choses sont une augmentation de 114% des émissions par rapport à celles de 1990 alors que le pays s’est engagé pour une diminution de 11% lors de l’accord de Paris, ratifié le 4 octobre 2016 !
Des cas de plus en plus fréquents
Le cas de Sarah Thomson est pour l’instant une première en Nouvelle-Zélande mais ce n’est pas le cas dans le reste du monde. Selon le même rapport de l’ONU publié en mai, le nombre de pays concernés par des cas similaires a triplé depuis 2014. L’Australie rassemble 80 affaires de ce type, le Royaume-Uni 49, pour seulement 4 en France. Ce rapport met en évidence cinq tendances principales concernant les buts affichés de ces procédures qui veulent ainsi : obliger les gouvernements à respecter leurs engagements climatologiques, lier les impacts de l’extraction de ressources sur le changement climatique, établir une corrélation entre les émissions de GES particulières et le changement climatique, instituer la responsabilité des échecs ou des succès à s’adapter au changement climatique, et placer le changement climatique sous la responsabilité du gouvernement selon les principes de la doctrine du trust.
Les initiatives citoyennes qui cherchent à mettre les gouvernements en face de leurs responsabilités se multiplient donc depuis quelques années. Un article du New York Times développe certains de ces cas. Saul Luciano Lliuya, un paysan péruvien, a ainsi poursuivi une entreprise allemande pour faire reconnaître son implication dans l’augmentation du réchauffement climatique ; Ashgar Leghari, un étudiant en droit pakistanais a poursuivi son gouvernement pour des raisons similaires. En avril 2016, Thomas M. Coffin, un juge fédéral dans l’Oregon a donné son autorisation pour que la procédure lancée par vingt et un adolescents et enfants soit portée devant la Cour fédérale du District. Épaulés par l’association environnementale Our Children’s Trust, ces jeunes gens reprochent à l’administration Obama d’avoir négligé l’ampleur des problèmes environnementaux et demandent l’abandon des énergies fossiles. Pour ce qui est des États-Unis, le défi est de réussir à faire porter une de ces affaires devant la Cour suprême.
On peut espérer voir poindre dans le sillage ce mouvement et grâce à sa médiatisation un réveil des consciences, ainsi que des mesures politiques concrètes. Tous ces cas montrent toutefois qu’il est possible d’agir, quelle que soit l’échelle à laquelle on se trouve : agriculteur, étudiant, citoyen.

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