Le mois dernier, l’Observatoire des inégalités a publié son rapport 2017 sur les inégalités en France. L’occasion de faire le bilan sur ce qui s’améliore et ce qui empire en termes d’inégalités entre les Français, mais aussi d’interroger la façon dont ces mêmes inégalités sont traitées par les médias et l’autorité publique.
Démarche indépendante
Organisme indépendant, constitué d’experts de la sociologie et de l’économie, l’Observatoire des inégalités est né d’un constat : « l’appareil statistique français est d’une grande pauvreté dans la connaissance et la mise à disposition d’éléments factuels sur les inégalités ». Depuis sa fondation en 2003, cette association vise donc à mieux documenter les inégalités en France, afin de préciser et d’élever le débat, pour « contribuer à éclairer ou à critiquer les choix publics ».
Dans cette perspective, l’Observatoire publie de manière biannuelle un « Rapport sur les inégalités en France », dont l’édition 2017 est tout juste disponible. Sans prétendre être un panorama exhaustif de la situation, ce document reprend les chiffres des années précédentes, met en évidence leur évolution (qu’elle soit positive ou négative) et les enrichit de nouvelles données.
Les sujets abordés sont variés, allant des inégalités de revenus aux inégalités entre les hommes et les femmes, en passant par les inégalités entre immigrés et non-immigrés. Cette année, l’organisme cite quelques nouveautés, comme « les inégalités en matière de conditions de travail, de santé (obésité, tabac, etc.), ou encore la présence des catégories sociales à la télévision et la précarité énergétique ».
« Peser dans le débat tout en refusant les caricatures et la dramatisation excessive »
Entre les lignes de statistiques ressort une volonté claire : « peser dans le débat tout en refusant les caricatures et la dramatisation excessive » ; forts du constat selon lequel les chiffres peuvent dire tout et leur contraire entre de mauvaises mains, les membres de l’Observatoire prennent une position forte, neutre et objective, afin de ne pas stigmatiser tel ou tel groupe social.
L’organisme assure ne pas fermer les yeux sur les points négatifs (chômages, inégalités de revenu), mais dénonce une trop forte tendance française au pessimisme : « notre pays demeure l’un des pays où il fait le meilleur vivre sur la planète », écrivent Anne Bruner et Louis Maurin en préface du rapport 2017.
Un tableau mitigé
Venons-en aux chiffres ; sans surprise, tout n’est pas rose. Le rapport commence sur cette phrase : « les classe favorisées, gourmandes, en veulent “toujours plus” », et les chiffres de la synthèse le prouvent : 10% des plus riches reçoivent 27,3% des revenus et 47% du patrimoine. Côté emploi, la situation empire, autant pour les jeunes (22,1% des 20-24 ans est au chômage, en hausse depuis 2005) que pour les immigrés (17,2% d’entre eux sont au chômage, contre 9,9% pour les non-immigrés). La pauvreté, aussi, est en constante progression, avec presque un million de personnes en situation de pauvreté de plus qu’en 2004 aujourd’hui.


Pour autant, nous ne sommes pas si mal lotis. Tout d’abord en comparaison avec d’autres pays, comme les Etats-Unis : en France, le rapport entre le niveau de vie minimum des 10% les plus riches et le niveau maximum des 10% les plus pauvres est de 3,5 (constant depuis 2005). Outre-Atlantique, ce rapport est de 12, témoignant d’un écart considérablement supérieur. Ensuite, certains indicateurs sont au vert, notamment en ce qui concerne l’égalité hommes-femmes : la part de filles à l’université augmente (plus de 58%), de même que le nombre de femmes maires (16,1% en 2017).
Toutes ces données sont disponibles sur commande du rapport (8,5€), où elles sont proposées sans analyse. « Notre volonté est de séparer le constat, les analyses et les préconisations », précisent les auteurs du rapport. Cependant, l’Observatoire publie régulièrement des recommandations pour pallier les inégalités, de manière séparée, comme avec la publication en 2016 de l’ouvrage Que faire contre les inégalités ? 30 experts s’engagent, également disponible sur commande.
Source : Observatoire des inégalités

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