Le Chili fait face aux incendies les plus meurtriers de ces dix dernières années. Ils ont brûlé plus de 270 000 hectares, tué 24 personnes, et mis à mal les nombreux écosystèmes et espèces qui y vivent. En cause : une combinaison mortelle entre le dérèglement climatique, les monocultures de forêts mais aussi des humains parfois malintentionnés.
L’état d’urgence a été déclaré, le président Gabriel Boric a interrompu ses vacances précipitamment et une armada de canadairs des pays du monde entier a été déployée pour faire face à la deuxième pire année du pays en termes d’hectares brûlés, après la « tempête de feu » qui a frappé le pays en 2017.
Avec 24 morts à déplorer, plus de 1500 habitations détruites, et des régions entières encore en proie aux flammes, le bilan est provisoire tandis que 26 personnes très gravement brûlées sont toujours hospitalisées. Frappé par une vague de chaleur avec des températures supérieures à 40°C, ces incendies gigantesques et difficiles à contrôler sont le résultat d’un cocktail dévastateur.
« D’abord, les températures élevées et extrêmes qui, au cours de ces jours et ceux à venir, frappent le pays. Le second facteur qui change chaque année : la baisse des précipitations qui entraîne une moins grande quantité de végétation qui sèche plus vite et devient alors un matériau combustible avec la baisse de l’humidité. Et le dernier facteur est la présence de vents forts » a ainsi expliqué Manuel Monsalve, ministre de l’intérieur, selon le journal Emol
Autres facteurs déterminants : les monocultures de plantation forestières qui deviennent plus facilement des brasiers gigantesques que les forêts diversifiées, mais aussi les populations. L’Office national des forêts du Chili précise que dans 99 % des cas, l’activité humaine est à l’origine des incendies de forêt : gestion imprudente des incendies, mauvaises pratiques agricoles ou incendie criminel.
Ainsi, le gouvernement chilien a annoncé l’arrestation de 10 personnes soupçonnées d’être à l’origine de certains des incendies. Le gouvernement va demander les peines les plus élevées prévues par la loi. En fin de semaine dernière, le président chilien s’est rendu dans la ville de Concepción, à 510 km au sud de Santiago, et a parcouru les zones dévastées.
« Il y a des preuves que certains des incendies ont été causés par des brûlages non autorisés. Il est interdit de procéder à des brûlages, que ce soit d’ordures ou de déchets agricoles », a-t-il prévenu.
Juste avant Noël (2022), un méga-feu a ravagé une partie de la ville de Viña del Mar, en bord de mer. Les habitants accusent le secteur immobilier d’en être à l’origine pour mettre la main sur des terrains défrichés par les flammes et y construire. En effet, des études ont démontré qu’à plusieurs reprises, notamment dans le centre du pays, des projets immobiliers ont été lancés sur des terrains incendiés très peu de temps après le sinistre.
Actuellement, il ne reste que 2,5 % de palmiers par rapport au début du XIXè siècle. Cela veut dire qu’environ 95 % de ces arbres ont été détruits sur le territoire de Viña del Mar. Le secteur immobilier a réfuté les accusations des habitants.
A l’heure actuelle, une forêt primaire ayant brûlé au Chili peut devenir une zone constructible. Face à cette situation préoccupante, le gouvernement a lancé un projet de loi pour interdire le changement d’usage des sols pendant 30 ans après des sinistres causés par des incendies, pour laisser le temps aux écosystèmes de se régénérer.
Crédit photo couv : le pilote Nicovegu