Le groupe Kingfisher (Castorama, Brico Dépôt) a annoncé une délocalisation massive de ses services de comptabilité et de gestion vers la Pologne. Loin d’être une manœuvre pour éviter une potentielle faillite du groupe, cette politique a pour objectif d’augmenter les dividendes à hauteur de 700 millions en faveur des actionnaires. 750, c’est le nombre, en parallèle, de salariés qui risquent de subir les conséquences de cette délocalisation.
Imaginez seulement la scène… Employé à Castorama, vous assistez au comité central de l’entreprise. A la fin de celui-ci, on vous demande de rester pour vous montrer une vidéo dans laquelle votre PDG annonce une délocalisation de certains services de gestions et de comptabilité en Europe de l’Est, pour réduire les coûts et ainsi pouvoir augmenter la compétitivité. Un peu cauchemardesque non ? C’est pourtant la scène que tous les salariés du groupe Kingfisher, qui gère les deux enseignes de bricolages Castorama et Brico Dépôt), ont connu il y a une dizaine de jours.
S’ils ne sont pas tous concernés par cette annonce, tous les travailleurs du groupe ont de quoi légitimement s’inquiéter. Elle intervient en effet dans un contexte dont les bases avaient déjà été posées il y a un an lorsque ordinateurs et machines étaient venus remplacer comptables ou assistants des ressources humaines (RH) dans les magasins Castorama. Une politique assumée de réduction du facteur travail dans les coûts de production, facteur souvent décrit comme trop cher et trop rigide en France par des chefs d’entreprises qui en veulent toujours plus. Ils profitent donc de la non-uniformisation des lois sociales dans l’Union européenne pour exporter certaines activités en Pologne, pays où le code du travail est bien plus « léger » avec des travailleurs rémunérés entre 500 et 700 euros par mois.
« Pourtant, le groupe britannique a été bénéficiaire en cette année 2017 avec un chiffre d’affaires au dessus de la barre des 5 milliards si l’on cumule Castorama et Brico Dépôt. Plus donc qu’une simple recherche de compétitivité, cette politique de l’emploi a une autre visée, rémunérer à hauteur de 700 millions les actionnaires de groupe.«
Cette politique de délocalisation est d’autant plus hypocrite qu’elle est présentée comme une nécessité visant à maintenir la compétitivité de Kingfisher face à la concurrence. Pourtant, le groupe britannique a été bénéficiaire en cette année 2017 avec un chiffre d’affaires au dessus de la barre des 5 milliards si l’on cumule Castorama et Brico Dépôt. Plus donc qu’une simple recherche de compétitivité, cette politique de l’emploi a une autre visée, rémunérer à hauteur de 700 millions les actionnaires de groupe. Une nouvelle fois, c’est bien le partage de la valeur ajoutée qui est mis en question. Et il n’y a pas trop de doute, chez Kingfisher on a choisi son camp, celui du capital. On mise sur les machines et les actionnaires pour maximiser, à l’avenir, le profit.
Si le calcul économique est assez simple, le choix social est radical et s’inscrit dans une politique de flexibilisation du travail commencée par François Hollande avec la loi travail, puis savamment perpétuée et accentuée par Emmanuel Macron et ses récentes ordonnances sur le code du travail. La politique antisociale de Kingfisger a largement été soutenue par des financements publics, l’entreprise a reçu plus de 30 millions d’euros grâce au CICE, soi-disant destinés à relancer la croissance et l’économie. Mais qui de fait relancent la précarité, encouragent à la destruction d’emploi, avec un taux de chômage qui ne baisse toujours pas. On privilégie l’actionnaire riche au salarié, le capital au travail, le profit à l’humain.
Le groupe Kingfisher a donc, dans la lignée des politiques libérales de l’Europe occidentale (France, Allemagne, Angleterre), choisi de délocaliser certains services du tertiaire pour réduire ses coûts de production et satisfaire ses actionnaires. Comme Engie (dont l’Etat est pourtant l’actionnaire majoritaire) qui cherche à délocaliser ses clientèles dans des pays d’Europe du Sud et d’Afrique du Nord. Et on est qu’au début du quinquennat…

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