Le 20 février, un collectif d’intellectuels, philosophes, chercheurs, juristes, vétérinaires et psychologues (parmi lesquels Mathieu Ricard) a publié une tribune dans le journal Libération pour appeler à enseigner l’empathie pour les animaux à l’école. Les auteurs de la tribune considèrent en effet que l’empathie pour les animaux est une vertu fondamentale à acquérir ainsi qu’un support pédagogique riche pour la construction personnelle des enfants.
Une question contemporaine ?
Depuis plusieurs années les droits des animaux commencent progressivement à entrer dans le débat public. En France, les animaux sont reconnus comme des êtres sensibles depuis 1976 (dans le code rural, depuis 2015 seulement pour le code civil) et en Europe depuis 1992. Toutefois, la question animale, si elle progresse légèrement sur le plan législatif, a largement décliné dans son aspect éthique. En effet, de 1883 à 1923 l’éthique animale était enseignée dans les écoles primaires et la loi Grammont fut la première à protéger les droits des animaux. Aujourd’hui, les élèves n’appréhendent les animaux plus qu’au zoo, au cirque, voire même dans les initiations à la chasse ou à la corrida, soit, dans un rapport clair de domination de l’homme sur l’animal.
Enseignement scientifique VS enseignement éthique
Si le règne animal est également étudié en cours de biologie, c’est souvent à travers un prisme historique aujourd’hui largement dépassé. D’une part, les auteurs soulignent que les animaux ne sont considérés que dans la classification de leur espèce (et non envisagés en tant qu’individu ayant des capacités cognitives, une mémoire…) et ne sont défendus dans les manuels d’Education Morale et Civique qu’à partir des questions de biodiversité ou d’écosystème. En somme alors que nos connaissances sur les animaux ne cessent de croître, l’enseignement persiste dans sa tradition de faire s’opposer des notions plus ou moins dépassées par l’éthologie ou les sciences cognitives d’inné/acquis, intelligence/instinct etc.

La Belgique : un exemple à suivre
On aurait alors pu entendre dire que l’enseignement supplémentaire d’une éthique animale n’était pas envisageable (à cause des rythmes scolaires déjà trop chargés par exemple). Mais prenons exemple sur nos voisins belges, qui proposent des cours de philosophie et de citoyenneté pendant toute la scolarité. « Cet enseignement vise à permettre aux élèves d’aboutir «à des prises de position personnelles et responsables» et à développer sur des questions éthiques et des enjeux moraux une réflexion collective. » Dans ces cours qui ont pour objectif de développer une réflexion critique et autonome chez les élèves, l’éthique animale est bien entendu une question soulevée, et notamment sur le statut moral des animaux.
« Un support pédagogique »
Les auteurs de la tribune soulignent par ailleurs qu’il a été établi que « dans un contexte éducatif, le thème de l’animal est un support pédagogique permettant de développer la sensibilité de l’élève, et de le conduire par l’observation au respect de l’autre, de celui qui est différent. » L’insistance sur le respect et la compréhension de formes de vie à la fois si étrangères et proches de nous pourrait donc s’avérer être un véritable atout pour la construction individuelle et citoyenne de l’individu.
Voilà donc l’appel signé par ces 16 intellectuels français, qui concluent leur tribune en ces termes :
« Nous, soussigné(e)s, appelons ainsi à ce que l’éthique animale soit mieux intégrée dans l’enseignement, et que les programmes officiels du cours d’éducation morale et civique s’enrichissent de chapitres consacrés au statut moral des animaux, inscrits dans une progression pédagogique globale sur les notions de droits et de libertés. »

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