En Charente, un maire a dû retirer son arrêté anti-pesticides à proximité des habitants suite à l’opposition de la FNSEA et de la chambre d’agriculture.
La Fédération nationale des syndicats exploitants agricoles (FNSEA) et la chambre d’agriculture s’opposent à l’arrêté du Maire de Ruelle. Depuis le 17 mars, le maire de Ruelle-sur-Touvre (Michel Trioche) avait posé un arrêté interdisant l’épandage de produits phytosanitaires à moins de cinquante mètres des habitants. A l’origine de cette initiative, les plaintes des concitoyens et notamment d’une riveraine venue tirer la sonnette d’alarme suite à un diagnostic clinique : cette habitante de la commune aurait développé une inflammation autour des poumons à cause des pesticides.
Malgré cela, la préfecture de Charente est claire et rappelle que le maire n’a pas l’autorité pour mettre en place cet arrêté. Cette autorité relève de la seule compétence du ministre de l’agriculture. La préfecture a donc demandé au maire de la commune de 7600 habitants de retirer son arrêté. Les élus de la chambre d’agriculture de Charente sont également dans l’opposition. D’après eux, « les agriculteurs sont particulièrement attentifs à l’utilisation adaptée et limitée des produits phytosanitaires sur leurs exploitations, et aux risques de disséminations éventuelles. Les doses sont ajustées aux besoins, les matériels performants évitent la dérive et permettent des pulvérisations très précises, à des concentrations minimes ».
« Si de tels arrêtés devaient se multiplier sur leur département, c’est toute l’économie agricole qui serait menacée. »
Michel Trioche ne compte cependant pas s’arrêter là et souhaite écrire au ministère de l’agriculture afin de mettre en place une charte de bonne collaboration entre les agriculteurs et les habitants. De plus, le maire de la commune ne comprend pas pourquoi cet arrêté lui est refusé alors que celui entré en vigueur le 12 mai 2016 « interdisant l’épandage à proximité des lieux et établissements accueillant des personnes vulnérables » n’avait pas fait polémique. La FNSEA avait fait référence à cet arrêté lors d’un communiqué en précisant que « si de tels arrêtés devaient se multiplier sur leur département, c’est toute l’économie agricole qui serait menacée. »

Que dit la loi sur l’épandage et les pesticides ?
En termes d’utilisation de pesticide la France est première au palmarès européen et troisième mondiale ! Pourtant de nombreuses études font le lien entre les pesticides et les risques pour la santé et bien que la première source de contamination reste l’alimentation, l’exposition aux zones agricoles traitées reste un risque. Il serait donc souhaitable de mettre en place des « zones tampons » entre les zones traitées et celles habitables, cependant on constate toujours des épandages à moins d’un mètre des jardins.
La loi ne dit malheureusement rien en termes de protections des habitants face aux pesticides et aucune disposition législatives n’est mise en place pour les zones dites « tampons ». Un projet d’arrêté « relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et de leurs adjuvants visés à l’article L. 253-1 du code rural et de la pêche maritime » est en route mais ne contient rien au sujet de zones pour protéger les habitants (seulement pour la protection des points d’eau).
Ces oppositions des syndicats agricoles poussent à l’indignation quant à la priorisation du rendement et de l’exploitation face à la santé publique.
Sources : Notre-Planete / Le Figaro

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