La photographe Jo-Anne McArthur a été récompensée par le prix du public du Wildlife Photographer of the Year du musée d’histoire naturelle de Londres pour sa superbe photo du sauvetage d’un gorille au Cameroun.
Sélectionnée parmi plus de 50 000 photographies, la photo de Jo-Anne McArthur saisit avec force la beauté d’un instant de reconnaissance mutuelle entre un gorille et son sauveteur. On y voit Pikin, un jeune gorille du Cameroun qui avait été capturé et allait être vendu pour sa « viande de brousse ». Appolinaire Ndohoudou, un membre de l’association Ape Action Africa, le porte dans ses bras. Après l’avoir tiré des griffes de ces braconniers, il l’emmène dans un sanctuaire où le jeune Pikin pourra vivre parmi ses pairs à l’abri des braconniers.
Comme le souligne le site du Musée d’histoire naturelle, « le braconnage des primates est monnaie courante au Cameroun. Les chasseurs abattent les animaux sauvages afin de vendre leur viande dans leur pays d’origine et à l’étranger. » Les organisations de protection de la faune peinent à endiguer ce phénomène, qui n’est pas seulement de l’ordre du « petit braconnage » local mais relève de plus en plus d’un braconnage international. Ainsi, comme le souligne l’ONG International Fund for Animal Walfare, les zones protégées du Cameroun sont la cible des chasseurs clandestins venus des pays voisins (notamment du Soudan).

Crédits : Jo-Anne McArthur / Natural History Museum
Pour lutter contre ce fléau, auquel il faut ajouter les épidémies d’Ebola et la déforestation qui participent également à l’hécatombe des populations de singe dans toute l’Afrique, de plus en plus de sanctuaires, de réserves ou même d’ « orphelinats » pour primates sont créés. Ainsi, le parc national de la Méfou, à 45 minutes de Yaoundé, accueille 350 primates, dont 110 chimpanzés et 20 gorilles.
L’image de la photographe Jo-Anne McArthur est d’autant plus forte que la connexion entre le sauveteur et son protégé va au-delà de ce simple moment capturé. Car comme le détaille le site du musée, à l’image de Pikin, Appolinaire a été chassé de chez lui, contraint de fuir la guerre civile au Tchad. Ayant reconstruit sa vie au Cameroun, il travaille désormais pour la protection des animaux sauvages, aide à élever les singes orphelins et à les protéger des chasseurs.
Après avoir reçu le prix, la photographe s’est exprimé :
« Je suis tellement reconnaissante que cette image ait trouvé un écho auprès du public et j’espère que cela nous inspirera tous à nous préoccuper un peu plus des animaux. Aucun acte de compassion envers eux n’est jamais trop faible. Je photographie régulièrement les cruautés que les animaux endurent de notre part, mais parfois, je suis témoin d’histoires de sauvetage, d’espoir et de rédemption »
Toutefois, elle souligne l’effet pervers qui se cache derrière la beauté de cette image : l’impossibilité pour ces singes qui se sont habitués à l’homme d’être réintroduits dans la nature.

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