L’autosuffisance alimentaire, peut-être en avez-vous déjà rêvé ? Tout en levant les yeux au ciel pour manifester le caractère utopique du projet. Figurez-vous que Robin LeBlanc et Rebecca Huot l’ont fait ! Devenir autosuffisant sur le plan alimentaire, tout en cumulant leurs deux emplois et la charge de leurs trois enfants. Qui dit mieux ?
Malgré ce qu’on pourrait penser, Robin LeBlanc n’est pas le descendant d’une famille d’agriculteurs invétérés. « Je dirais qu’il faudrait remonter à trois générations. Les arrière-grands-parents faisaient justement ça. Ils avaient la forge, ils faisaient un peu de tout. Ces histoires-là me fascinaient. Et je me suis toujours dit : j’aimerais faire ça un jour. » Avant de se lancer, Robin et Rebecca ont longuement cogité. Ils se sont d’abord formés à travers la lecture de centaines de bouquins sur le sujet. Une fois la partie théorique bien emmagasinée, il faut se positionner (dans tous les sens du terme). Pour que ce rêve devienne réalité, il faut se mettre à la recherche d’un lieu « d’envergure ». Le couple jette alors son dévolu sur une petite ferme du Nouveau-Brunswick (Canada), bordée de ses 14 hectares de terrain. Rien de tel pour initier leur fameux projet. Dès le départ, Rebecca se lance un sacré challenge : « je ne vais pas me contenter de manger des carottes et des navets… » Ce qui a poussé Robin à rétorquer : « Ok, pour la satisfaire, il va falloir miser sur la diversité ».

Au commencement, Robin ne se met pas la pression. Il ne vise pas nécessairement l’autosuffisance, mais décide d’aborder l’ampleur du travail « step by step ». En premier lieu, il souhaite récolter des légumes tout au long de l’année. Grâce à l’installation d’une serre et à l’utilisation d’une chambre froide, en peu de temps le défi est relevé. Très vite, les fruits se font désirer. Le terrain accueille alors des pommiers et Robin réalise des tests avec de nombreux autres fruitiers. Pour le moment c’est un succès et les enfants n’ont qu’à tendre la main et croquer dans la pomme qui fera leur goûter. Toute cette abondance étonnera toujours Rebecca. « Mon congélateur est maintenant rempli de cantaloups.

On a des poires, des cerises, des prunes, des fraises, des framboises… » La jeune femme est très fière que sa famille puisse profiter de fruits et de légumes bio, tous les jours. Après la mise en place de l’espace de culture, vient ensuite le projet du poulailler. L’autosuffisance prend du galon. « La dernière étape, c’était vraiment de se dire : pourquoi pas une vache laitière ? » Robin sent que son projet prend une tournure nouvelle, exigeant de lui la transformation de produit. Après quelques recherches, il trouve une vache en gestation qui produit peu de lait pour rentabiliser une grande exploitation, mais bien assez pour satisfaire sa famille. La traite journalière de sa vache lui apporte une douzaine de litres de lait, il se lance ainsi dans la fabrication de différents types de produits : crèmes, beurre et fromages.
Et ce n’est pas tout… avec un porc et des oies, il fabrique aussi tout un tas de pâtés et de saucisses. Il confectionne ses huiles, ses sauces, ses cidres, autrement dit tous les aliments qui lui confèrent une véritable autosuffisance alimentaire.

« Je n’en reviens pas que l’on puisse faire tout ça et que l’on puisse en vivre très correctement. Nous avons de la nourriture qui entre dans les congélateurs, pendant qu’il nous en reste de l’année dernière. Je n’en reviens pas ! »
Pour cette petite famille, l’autosuffisance ne s’est pas réalisée du jour au lendemain. Le processus a pris environ huit ans. « C’est quasiment comme se payer un bac universitaire en autosuffisance alimentaire et dire : finalement je vais faire mes années, je vais apprendre moi-même, acheter les livres. Et au bout du compte, quand tu deviens « diplômé », c’est beaucoup plus facile, tu connais le métier » explique Robin.Rebecca se félicite de l’enseignement inestimable que représente cette expérience pour ses enfants. Apprendre à vivre de la terre, c’est s’accorder une immense liberté et s’émerveiller du mystère de la vie. « Je n’ai pas de stress à savoir d’où provient ma nourriture. Je mange tous les jours bio et local » ajoute-t-elle.
Vous doutez encore de la faisabilité d’un tel projet d’autosuffisance alimentaire ? Gardez à l’esprit ces quelques paroles de Sénèque : « Ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que c’est difficile. »
Crédit Photo : Radio Canada

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