Dans son rapport sorti ce mardi, la FAS fait état d’un bilan catastrophique concernant la prise en charge des personnes sans abris : à peine plus d’un SDF sur trois est hébergé cet été. Les dispositifs d’aide à la personne diminuent à mesure que les températures augmentent. Pourtant, l’été est une période charnière en termes d’hygiène, d’hydratation ou de propagation des maladies.
Exclusion sous le soleil
Ce mardi, la Fédération des Acteurs de la Solidarité a publié son rapport annuel « Le Baromètre du 115 » qui fait état des demandes de prise en charge des personnes sans-abris et du traitement de ces demandes. Une fois de plus, la période estivale est synonyme de dégradation de la prise en charge des personnes sans-abris. En effet, la différence de perception des conditions de vie en hiver et en été est tellement importante que la prise en charge se dégrade totalement dès la sortie de l’hiver : réductions des capacités d’accueil, suspension ponctuelle d’accueils de jour et des maraudes…
Le baromètre du 115 analyse les demandes et les réponses entre le 10 juin et le 10 juillet, le bilan est lourd :
– +11% des demandes par rapport à janvier 2017 (soit le point culminant de la mobilisation hivernale)
– +24% des demandes par rapport à l’été 2016
– +17% de personnes
– +17% des 18-24 ans qui se retrouvent dans la rue
– La moitié des sollicitations adressées au 115 proviennent des familles
De surcroît, les conditions d’hébergement se dégradent : le nombre de séjours d’une seule nuit a augmenté de 44% et le recours à l’hébergement en chambre d’hôtel a explosé de 75%. La situation est particulièrement préoccupante dans la région parisienne, la Gironde et les Bouches-du-Rhône.

Note importante : la précarité ne prend pas de vacances et les porte-monnaie ne se remplissent pas avec la chaleur estivale.
Qui dort sous les ponts ?
L’augmentation de 17% du nombre de sans-abris se caractérise par une hausse de 10% d’hommes isolés, de 14% de femmes seules, de 23% de familles, de 26% de couples sans enfant et d’un nombre de mineurs non-accompagnés quasiment 4 fois supérieur à celui de 2016 (ce qui représente moins d’un pourcent de la population qui se retrouve dans la rue). En tout, entre le 10 juin et le 10 juillet 2017, ce sont plus de 92 500 demandes qui ont été adressées au 115 dont 20 845 pour un hébergement. Parmi les personnes ayant sollicité une solution d’hébergement, 10 632 n’ont jamais trouvé de toit, même pour une nuit, soit 10% de plus que l’année dernière à la même période.
Une jeunesse qui trinque
Cette année, ce sont 3 389 jeunes entre 18 et 24 ans qui ont formulé une demande d’hébergement, soit une augmentation de 17% par rapport à 2016. Cette hausse souligne la dégradation de la situation sociale et économique de ce public ; la difficulté d’accès des minima sociaux (les moins de 25 ans n’ont pas droit au RSA sauf s’ils ont un enfant à charge ou s’ils ont déjà travaillé deux ans durant), les brusques ruptures de parcours à la sortie des services à l’aide sociale et à l’enfance et l’absence de solutions d’hébergement en quantité nécessaire.

Ces jeunes font partie de ceux qui ont le plus de mal à accéder à un hébergement : 54% d’entre eux ne se verront jamais attribuer une réponse positive contre 51% pour l’ensemble de la population des sans-abris. A ce jour, les CHU (Centre d’hébergement d’urgence) représentent la principale solution d’hébergement pour les jeunes de 18-24 ans (51%) alors que cette part diminue au profit des places hivernales.
Des structures non adaptées aux familles malgré la recrudescence de leur besoin
En un an, le nombre de familles ayant sollicité le 115 pour une solution d’hébergement a augmenté de 23%. Aujourd’hui, cette configuration familiale représente 48% du public total en attente d’hébergement et leurs demandes constituent la moitié des demandes enregistrées, la plupart du temps stimulées par la présence des enfants. En effet, 53% des personnes en famille sont accompagnées d’enfants mineurs (5 328).
Les hébergements en hôtel sont les plus fréquents pour les familles, seulement, cela ne leur permet généralement pas de rester plus d’une nuit : 47% des séjours attribués aux familles ne l’ont été que pour une nuit. Le plan des nuitées hôtelières n’est pas assez efficace à ce jour. Lors de la mise en place de la plupart des structures d’accueil il y a une trentaine d’années, l’immense majorité des SDF était constituée d’hommes seuls isolés ; aujourd’hui, les centres ne sont pas beaucoup plus adaptés à l’accueil des familles avec enfants, dont beaucoup de réfugiés et de ménages ayant perdu leur logement suite à une expulsion locative ou une séparation conjugale.
« Dormons-nous dehors parce que c’est l’été ? »
Le système de prise en charge des personnes sans abris est insuffisant et inadapté. Les configurations familiales changent et les sonnettes d’alarmes sont tirées sans réel changement de la part des pouvoirs publics. La FAS continue d’attendre beaucoup, notamment du plan quinquennat du Logement annoncé par le gouvernement, censé apporter des réponses de qualité à l’ensemble des personnes sans domicile. A ce jour, Florent Guéguen, directeur général de la FAS regrette « un abandon des plus faibles par la puissance publique ».

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