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C’est officiel, l’ère des privatisations de Macron est ouverte…

Nous l’attendions presque avec impatience ; ça y est : Macron a lancé sa première campagne de privatisations ! Après avoir déclaré samedi 2 septembre que l’Etat céderait près de 10 milliards d’actifs destinés à financer un fonds pour l’innovation, l’APE (Agence des Participations de l’Etat) a annoncé que 4,15% du capital d’Engie avait été vendu pour un […]

Nous l’attendions presque avec impatience ; ça y est : Macron a lancé sa première campagne de privatisations ! Après avoir déclaré samedi 2 septembre que l’Etat céderait près de 10 milliards d’actifs destinés à financer un fonds pour l’innovation, l’APE (Agence des Participations de l’Etat) a annoncé que 4,15% du capital d’Engie avait été vendu pour un bénéfice de 1,53 milliards d’euros. Le gouvernement (qui n’a rien de différent de ces prédécesseurs sur ce point) continue le démembrement méticuleux de l’intérêt général et des biens communs. Mais l’ex-banquier chez Rotschild pourrait bien définitivement sacrifier l’intérêt général au profit des entreprises privées…

« Financer l’innovation », c’est par ce credo que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a annoncé l’imminence d’une première salve de privatisations. L’objectif du gouvernement est de céder 10 milliards de ses actifs publics pour les réinvestir dans un fonds destiné à appuyer l’innovation. Le Premier ministre Edouard Philippe avait annoncé des « cessions de participation [qui] interviendront au rythme et aux conditions qui seront les plus intéressants pour l’Etat. » Mais avec la première cession de 4,1% du capital d’Engie pour 1,53 milliard d’euros mardi soir, il semble que c’est au tempo prestissimo que nos chefs d’orchestre ont décidé de mener la danse.

Bruno Le Maire avait fait valoir lors de la soirée de l’attractivité au Cercle de l’Union interalliée à Paris que ces privatisations « permettront au contribuable de savoir que son argent est placé pour le futur et non pas pour le passé. » Un argumentaire louable sans doute, qui n’est jamais que la concrétisation des promesses de campagne de Macron, mais qui mériterait peut-être quelques éclaircissements sur les leçons à retenir du passé.

Car en effet, la pratique n’a rien de neuve, et les 10 milliards d’actifs que le gouvernement s’apprête à vendre ne sont (pour l’instant) pas grand-chose par rapport aux précédents gouvernements. Les premières vagues de privatisations ont débuté dans les années 1986-1988 sous le gouvernement Chirac. C’était ce qu’on a appelé les « bijoux de famille » – Suez, Paribas, Société Générale, TF1, Havas, Alstom etc. – qui avaient alors été cédées par le gouvernement. Depuis lors les gouvernements ont pris le pas de vendre leurs actifs à rythmes réguliers, le champion toute catégorie restant Lionel Jospin qui, ayant pourtant promis d’interrompre les privatisations, a ouvert (entre autres) le capital de France Télécom et des autoroutes au moment même où celles-ci devenaient rentables.

Une vidéo publiée par le youtubeur d’Osons causer rend bien compte du sacrifice sans précédent de l’intérêt public qu’a représenté la privatisation des autoroutes :

Autoroutes : les 5 pires arnaques de ce scandale d’Etat – Osons Causer

La présidence de François Hollande n’a pas dérogé à la règle. Et si, prenant à cœur le credo du gouvernement, nous ne voulions nous occuper que de l’avenir, il faudrait regarder de plus près les cessions du ministre de l’Economie d’alors : Emmanuel Macron. La privatisation de la société gestionnaire de l’aéroport de Toulouse-Blagnac en 2014 organisée par l’ancien ministre pourrait alors donner un avant-goût de la logique du gouvernement actuel : la vente de l’aéroport à un groupe chinois, qui ne devait pas entraver sa gestion par les acteurs publics, s’est finalement avérée être une vaste fumisterie, quand Mediapart a révélé le siphonage en règle de la trésorerie par les investisseurs chinois.

En effet, le 28 juin, les investisseurs chinois avaient fait voter un versement de dividendes de 7,85 millions d’euros, ponctionnant ainsi les ressources de l’aéroport au détriment de l’intérêt régional. Ce versement faisait suite à un premier versement de 15 millions à l’automne 2016, puisé directement dans les réserves des années antérieures. Tout cela sans compter que la réduction des nuisances sonores, des pollutions ne risque pas d’être la priorité de ces nouveaux gestionnaires. Bel exemple de la façon dont on s’occupe du « futur » des contribuables, non ?

Quoi qu’il en soit, les entreprises susceptibles d’être partiellement cédées par l’Etat sont : Engie, EDF, Areva, Airbus, Thales, Safran, Orange, Renault, PSA, Air France, La Poste, La Française des jeux, Aéroports de Paris, Dexia, France Télévisions, Radio France, Arte (les « Epics », à savoir SNCF, BPI, RATP, Monnaie de Paris et Grands ports maritimes, étant pour l’instant protégés). D’après un article de La Tribune, les Aéroports de Paris seraient les plus pressentis par les experts, dans la mesure où la vente totale des 50,6% des actifs de l’Etat rapporterait 7 milliards d’euros, sur les 8,6 milliards restant après la vente de 4,5% d’Engie.

L’ère des privatisations Macron est désormais ouverte, on peut craindre que celle-ci sonne le glas des services publics d’intérêt général, tout en ouvrant grand la porte aux entrepreneurs voraces qui, on leur fait confiance, sauront « capitaliser les profits et socialiser les pertes »…

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