Depuis le début de la semaine, l’Allemagne et les Pays-Bas doivent faire face à une importante crise alimentaire : un taux élevé de fipronil, un insecticide jugé « modérément toxique » pour l’homme, a été détecté dans des centaines de milliers d’œufs. L’entreprise néerlandaise Chickfriend a été mise en cause.

Voilà deux jours que les supermarchés allemands et néerlandais sont en panique. Des cartons remplis d’œufs sont retirés des rayons pour être renvoyés et détruits au dépôt. Une « histoire inédite » souligne la porte-parole de la chaîne Albert Heijn. C’est la NVWA, l’organisme néerlandais chargé de la sécurité alimentaire et sanitaire, qui a lancé l’alerte après avoir constaté « la présence suspecte de fipronil » lors de prélèvements de routine.

Le fipronil est un insecticide, habituellement utilisé dans les colliers anti-puces pour chiens ou chats, qui a été épinglé « modérément toxique pour l’homme » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En effet, on estime que, ingérée à haute dose, cette substance pourrait provoquer des troubles au foie, à la thyroïde ou encore aux reins.

Par ailleurs, depuis 2013, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) considère qu’il représente un « risque aigu » pour la survie des abeilles, notamment lors de son utilisation pour le traitement du maïs.

Pourtant, le dangereux insecticide a été détecté dans « environ 180 élevages de volailles » – plus de 600 échantillons sont encore en cours d’analyse – qui ont depuis été bloqués. C’est l’entreprise Chickfriend, chargée de traiter les élevages contre le pou rouge, qui est aujourd’hui mise en cause, même si pour l’instant aucun jugement n’a été rendu – l’entreprise étant injoignable pour « raisons professionnelles ».

On estime qu’elle aurait ajouté le puissant insecticide au Dega 16, un produit à base de plantes, sans doute pour optimiser les rendements ou garantir l’efficacité du traitement contre le pou rouge. Quoi qu’il en soit, cette molécule est strictement interdite dans le traitement des animaux destinés à la consommation humaine.

L’affaire est d’autant plus grave que les poules contaminées le resteront pendant six à huit semaines, entraînant de lourdes pertes financières pour la filière. Mais surtout, les œufs commercialisés représentent un important danger sanitaire pour les Pays-Bas et l’Allemagne qui mettent déjà tout en œuvre pour retirer les œufs impropres à la consommation du marché.

La NWVA a d’ailleurs alerté lundi soir que certains œufs contiennent un « taux de fipronil si élevé que leur consommation représente un grave danger pour la santé publique ». Le dauphiné souligne ainsi que « le numéro 2 du syndicat néerlandais des éleveurs de volailles a même conseillé à la population de ‘ne pas manger d’œufs jusqu’à dimanche’ », en attendant de savoir dans quelle mesure la proportion d’œufs contaminés sur le marché est importante.

On l’aura compris, les éleveurs et les distributeurs vont devoir marcher sur des œufs – au sens propre comme au sens figuré – pendant quelques temps, avant que cette crise alimentaire ne trouve une issue (et un coupable reconnu).

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