Ce mercredi, le groupe Kingfisher a annoncé que les salariés, qui vont être licenciés, des enseignes Castorama et Brico Dépôt devront former les employés polonais qui les remplaceront. Le syndicat FO s’est insurgé contre le « cynisme » de cette mesure.
Kingfisher avait déjà annoncé le 8 novembre 2017 le regroupement en Pologne, à Cracovie, de ses services comptables et de gestion, entraînant la suppression de 446 postes administratifs dans toute la France. Les salariés concernés attendaient donc avec amertume l’annonce officielle de la délocalisation en Pologne prononcée ce mercredi 28 février.
Un document lié à cette délocalisation a jeté le feu aux poudres. Avec stupeur, ils ont appris qu’en plus de perdre leur emploi, les salariés français de Castorama et Brico Dépôt allaient devoir former leurs remplaçants polonais !
Une capture d’écran du document récupéré par l’AFP précise ainsi :
« Certains interlocuteurs (polonais) viendraient travailler aux côtés des équipes comptables de Castorama France à Templemars (Nord) pour se former aux procédures et modes opératoires ».
La direction a insisté sur ce point en précisant aux équipes qu’elle comptait sur tout le monde pour rester professionnels jusqu’au bout. Pour Jean-Paul Gathier, délégué Force ouvrière (FO), « c’est le capitalisme poussé à son cynisme extrême ». Les salariés concernés, eux, estiment que cette proposition est « inconcevable » et n’ont pour l’instant pas envie de répondre favorablement à cette demande.
« On nous prend pour des lapins de six semaines. On nous prend, on nous jette, et on nous demande de faire des choses qui ne sont pas concevables », réagit Élodie Demulier, salariée de Castorama.
Face à l’émoi provoqué ce matin par cette annonce, un porte-parole de Kingfisher a précisé à l’AFP qu’il s’agissait finalement d’une « maladresse de formulation » et qu’aucun des collaborateurs concernés par le licenciement ne sera affecté à la formation des équipes polonaises, seulement ceux qui resteront en poste.
La maison-mère du groupe britannique Kingfisher justifie cette délocalisation comme « une nouvelle étape qui doit nous permettre de devenir une entreprise plus efficace ». Sous-entendu, une entreprise moins coûteuse dans un secteur concurrentiel. Effectivement, les salariés polonais coûteront moins cher à l’entreprise que leurs homologues français.
On peut cependant regretter que les employés soient seulement considérés pour ce qu’ils coûtent, et non par la qualité de leur travail. Compétences ironiquement reconnues par le groupe qui demande aux salariés français de transmettre leur savoir-faire.

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