Après trois ans de sécheresse, Le Cap va bientôt se retrouver sans eau. Le compte à rebours a commencé pour la deuxième ville d’Afrique du Sud. La date du « jour zéro », le jour où les robinets n’auront plus une goutte d’eau, ne cesse d’avancer. Elle est désormais prévue au 12 avril 2018.
50 litres d’eau par jour et par personne
A partir du 1er février, les 4 millions d’habitants de la Région du Cap devront réduire de 40% leur consommation d’eau. Les niveaux des barrages dans la province du Cap occidental sont descendus à 25%, contre 40% à la même époque l’an dernier. Alors que la Ville tente d’alerter la population sur le danger à venir, plus de la moitié des habitants continue d’utiliser trop d’eau par rapport aux recommandations émises. Résultat : la consommation du Cap a atteint 618 millions de litres le 15 janvier, selon un responsable de la ville, alors que le plafond quotidien est fixé à 500 millions et sera abaissé à 450 millions le 1er février.
Face à cette situation sans précédent, la Mairie a même voulu instaurer une amende pour les contrevenants. La population ayant exprimé son mécontentement sur cette dernière mesure, cette amende va probablement être abandonnée. Les classes sociales les plus pauvres ressentent les premières conséquences de cette crise. Les habitants des bidonvilles se fournissent déjà aux robinets publics et subissent les températures élevées dans des bâtiments en tôle.
Pour l’heure, les citoyens doivent se limiter à 50 litres d’eau par jour et par personne. L’équivalent d’une douche d’environ trois minutes.

Crédit : La Mairie – Le Cap
Cette crise environnementale et sanitaire est accompagnée d’une situation politique tendue. En Afrique du Sud, la région du Cap Occidental est la seule à être entièrement gérée par l’Alliance démocratique, le principal parti d’opposition sud-africain. Or, le ministère de l’Eau et de l’assainissement, administré par le Congrès national africain (ANC), ne semble pas vouloir faire d’effort financier pour la région. Lors d’une visite au Cap ce dimanche, la ministre a expliqué qu’investir de l’argent n’est pas une solution à long terme. « Les habitants doivent s’adapter » a-t-elle souligné. Le gouvernement pense que ce problème doit donc être géré par la municipalité.
Une situation dramatique qui pourrait s’étendre à d’autres régions du monde
Toute l’Afrique australe a subi ces trois dernières années une très forte sécheresse, aggravée par le phénomène météorologique cyclique El Niño. De très fortes pluies ces derniers mois avaient permis à l’essentiel de la région de refaire ses précieuses réserves d’eau. Pas pour Le Cap, qui accueille deux millions de touristes chaque année. Dans cette région, il pleut normalement de mai à août. Les services météorologiques sud-africains ont alerté la population sur des températures très élevées jusqu’à fin mai.
Crédit : Years of Living Dangerously
Le réchauffement climatique se fait déjà durement ressentir avec la multiplication des catastrophes naturelles. Si dans certaines régions du monde, des vagues de froid seront de plus en plus fortes ; dans d’autres, c’est l’inverse qui se produira. Début Janvier, une étude publiée dans la Revue Nature tirait la sonnette d’alarme : si les températures mondiales augmentent de 1,5 ° C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici 2050, entre 20 et 30% de la surface terrestre pourraient faire face à des conditions désertiques.
Des parties de l’Asie, d’Europe, d’Afrique, d’Amérique centrale et du sud de l’Australie seraient particulièrement touchées par la sécheresse et l’aridification, la réduction à long terme de l’humidité dans le sol. Plus de 1,5 milliard de personnes vivent actuellement dans ces régions.
Pour tenter d’éviter le pire, la municipalité du Cap a lancé des forages dans des nappes aquifères et sept stations de désalinisation doivent entrer en fonction. Elle va aussi installer deux cents points d’eau où la population pourra collecter vingt-cinq litres d’eau potable par jour et par personne à partir du « Jour Zéro », sous l’œil vigilant des forces de l’ordre.

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