Les entreprises du CAC 40 ont versé 49,2 milliards d’euros de dividendes en 2019 à leurs actionnaires, battant le record de 2007, à la veille de la crise financière.
Les actionnaires des groupes du CAC 40 n’ont jamais gagné autant d’argent : 60,2 Md€, dont 11,0 Md€ sous forme de rachats d’actions. Le précédent record était de 57 milliards (dont 43 milliards de dividendes), et avait été établi juste avant la crise financière de 2008. En hausse de 12 % par rapport à 2018, les dividendes ont progressé plus vite que les résultats nets courants.
Les auteurs de l’étude Vernimmen, qui a compilé ces chiffres, expliquent que 40 % de la hausse des dividendes est liée aux choix de quatre groupes, « trois – Kering, LVMH et L’Oréal – en raison de l’excellence de leurs performances opérationnelles, et un – Engie – en raison d’un effet de rattrapage ». Les trois entreprises les plus généreuses avec leurs actionnaires sont Total, avec 8,6 milliards distribués– dont 5,9 en cash -, Sanofi (3,8 milliards) et BNP Paribas (3,7 milliards). Ces trois mastodontes français ont distribué 27 % de l’ensemble des dividendes du CAC 40 en 2019.
Les sept premières entreprises de ce classement contribuent à hauteur de 52 % des fonds redistribués, alors que la dernière moitié du CAC 40 ne verse que 18 % du total…
« Même au sein du CAC, les inégalités sont criantes ! », expliquent les auteurs de la lettre Vernimmen.net qui jugent « probable que l’an prochain les chiffres soient encore meilleurs. »
Et qui sont les actionnaires gagnants du CAC 40 ? A la fois des familles qui détiennent 11,2 % de la capitalisation comme la famille Arnault ou la famille Bettencourt Meyers, mais aussi des groupes gestionnaires d’actifs. Les cinq principaux gestionnaires d’actifs identifiés possèdent ainsi 7,1 % de l’actionnariat connu. Il s’agit d’Amundi, de Capital Group, de Natixis, de Vanguard et de… BlackRock, ce gestionnaire au sein de la polémique sur la réforme des retraites. En effet, BlackRock est l’un des fonds pressentis pour récupérer la retraite par capitalisation des revenus de plus de 120 000 euros annuels.
Ironiquement, les auteurs de l’étude jugent que la distribution de ces capitaux aux actionnaires est une bonne chose car :
« aucun groupe n’a dû s’endetter au-delà du raisonnable pour verser un dividende » et que « le seul critère financièrement pertinent d’appréciation d’une politique de distribution est le taux de rentabilité marginale des fonds réinvestis, sans parler de la capacité des entreprises à en verser un, compte tenu de leur objectif de structure financière. »
Rappelons qu’en 2019, la pauvreté a augmenté en France de 0,6%, pour un total de 9,3 millions de personnes touchant des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Tandis que les entreprises du CAC 40 ont bien rempli leur « objectif de structure financière » : investir pour s’enrichir et remercier au passage leurs actionnaires.
