Une grande enquête, dévoilée par l’ONG américaine Mighty Earth, montre les liens entre les fournisseurs de la multinationale Burger King et les pratiques de déforestation en Amérique du Sud. Une pétition a été lancée pour appeler le géant du fast-food à mettre fin à ses liens avec les fournisseurs qui détruisent les forêts tropicales.
Le soja : fléau des forêts tropicales
Si à première vue, il ne semble pas y avoir de liens reliant les fast-foods et la destruction des forêts tropicales, en réalité la culture industrielle de soja dans ces espaces tropicaux est un véritable fléau pour l’environnement et la préservation de nos forêts. En effet, le soja transgénique est devenu depuis peu l’aliment de référence pour l’industrie de la viande. Ainsi, l’article publié dans Le Monde relayant l’enquête, souligne qu’ « au cours de ces vingt dernières années, les récoltes de cette légumineuse (en majorité génétiquement modifiée) ont été multipliées par deux pour dépasser les 300 millions de tonnes (soit dix fois plus que dans les années 1960), et croît plus vite que le secteur de la viande. » Avec l’augmentation exponentielle de consommation de viande, que ce soit dans les pays dits « développés » ou les pays dits « émergents », la monoculture de soja a pu elle-aussi être accrue considérablement, au détriment de l’environnement. Toujours selon Le Monde, cet accroissement a mené à la déforestation de « 4 millions d’hectares entre 2001 et 2010, dont 2,6 millions au Brésil qui est le principal exportateur de soja ».

Des fournisseurs qui participent à la déforestation
L’enquête réalisée par Mighty Earth en collaboration avec Rainforest Foundation Norway et intitulée « Les derniers mystères de la viande : Les secrets de Burger King et de la production mondiale de viande » pointe ce même constat, mais en dirigeant son attaque précisément contre le n°2 mondial du fast-food : Burger King. Pour Mighty Earth, Burger King est bien « dernière de la classe en matière de protection de l’environnement ». La multinationale restant très discrète sur ses fournisseurs, l’enquête dénonce un manque d’éthique dans ses chaînes d’approvisionnement et pointe notamment du doigt ses négociants et traders qui en réalité font le jeu de la déforestation : « Nous avons retrouvé la trace d’importantes sociétés de négoce, des acteurs majeurs de l’agriculture mondialisée, qui fournissent Burger King et d’autres entreprises du secteur agroalimentaire. Ces négociants, les Américains Cargill, Bunge et ADM, achètent du soja, construisent des silos et des routes, et fournissent les fermiers en engrais. Ils vont même jusqu’à financer les opérations de défrichement. »
Une tragédie pour l’environnement et les peuples autochtones
En plus de participer à la destruction de millions d’hectares de forêts primaires, d’écosystèmes, d’espèces protégées, ces monocultures de soja qui viennent supplanter les forêts tropicales ont également pour conséquence de chasser les peuples autochtones – généralement violemment – de leur foyer et d’asperger ces terres précieuses de pesticides. Comme le déplore l’enquête : « De nombreuses communautés autochtones vivent dans les forêts et dépendent de ses ressources pour s’approvisionner en vivres et en eau, mais également y habiter et conserver leur culture. Les producteurs de soja, les éleveurs et des exploitants forestiers illégaux ont souvent eu recours à la violence pour chasser des populations des basses terres comme les Guarani, de leurs terres ancestrales. » Et de même, l’utilisation massive de pesticides représente un danger majeur bien sûr pour l’environnement, mais également pour ces peuples autochtones qui, comme le rapporte l’enquête, succombent du fait de la consommation de ces produits toxiques.
«Les consommateurs souhaitent manger une nourriture produite de manière responsable – et non plus liée à la déforestation ou à la maltraitance des populations autochtones. Personne ne veut songer en mordant dans un Whopper, un sandwich au poulet, ou dans un steak, à la disparition de l’habitat des paresseux au profit de plantations de soja et de ranchs. Les gens veulent au contraire une alimentation bon marché qui ne nuit ni à l’environnement ni aux populations autochtones. C’est là la pierre angulaire de la création d’un système d’alimentation véritablement durable.»
Burger King appelé à « saisir sa chance » !
Si, grâce à l’action de Greenpeace, Mac Donald’s avait fini par s’engager à éradiquer de ses chaines d’approvisionnement les entreprises liées à la déforestation, Burger King doit désormais faire lui-aussi ses preuves et s’engager dans la même direction. Mighty Earth, dans cette perspective, a amorcé un véritable combat contre le géant du fast-food en lançant une pétition déjà signée par 500 000 personnes ainsi qu’une marche de protestation. L’ONG compte bien en effet faire de Burger King un cas d’école, pour viser plus largement tous les circuits liés à la déforestation et dénoncer ces méthodes révoltantes qui doivent cesser de toute urgence. L’enquête, en guise de conclusion, invite Burger King et ses fournisseurs à saisir la chance de changer de modèle en insistant à très juste titre sur le fait que « les consommateurs souhaitent manger une nourriture produite de manière responsable – et non plus liée à la déforestation ou à la maltraitance des populations autochtones. Personne ne veut songer en mordant dans un Whopper, un sandwich au poulet, ou dans un steak, à la disparition de l’habitat des paresseux au profit de plantations de soja et de ranchs. Les gens veulent au contraire une alimentation bon marché qui ne nuit ni à l’environnement ni aux populations autochtones. C’est là la pierre angulaire de la création d’un système d’alimentation véritablement durable. »

Commandez votre nouveau Livre-Journal en cliquant sur l’image !