Le Conseil National de Politique Energétique du Brésil (CNPE) a annoncé qu’il renoncerait à mettre aux enchères de nouveaux blocs exploratoires dans le bassin de l’embouchure de l’Amazone pour 2018. Une bonne nouvelle qui doit beaucoup à la force de la mobilisation des associations et des citoyens, et qui s’inscrit dans l’immédiate continuité du rejet de l’accord de la licence environnementale à Total qui permettrait à la firme de commencer l’exploitation.
Dans un communiqué publié hier, l’association Greenpeace a annoncé que le Conseil de la politique énergétique du Brésil avait décidé de retirer de la vente aux enchères les blocs exploratoires pétroliers du bassin de l’embouchure de l’Amazone (« Foz do Amazonas »). Un souffle providentiel pour le récif de l’Amazone, véritable merveille de biodiversité découvert en 2016, et déjà menacé par l’appétit des compagnies pétrolières.
C’est en 2013 que les géants Total et BP avaient acquis leurs blocs exploratoires lors d’une vente aux enchères. Depuis, les compagnies n’ont toujours pas pu commencer l’exploitation de ces zones du fait du rejet de leurs projets au nom de la protection de l’environnement. En effet, pour obtenir le droit de commencer les forages, les compagnies doivent obtenir une licence environnementale, délivrée par l’IBAMA (agence environnementale brésilienne).
Le motif de ce refus est simple : les risques environnementaux sont trop importants, et l’étude d’impact environnemental (EIE) délivrée par Total souffre de lacunes, particulièrement en cas de marée noire. En effet, les enjeux environnementaux sont primordiaux dans cette zone qui abrite des écosystèmes uniques, qu’il s’agisse de la mangrove sur terre qui se déploie sur des milliers d’hectares ou du récif corallien en mer qui est un objet d’étude inespéré pour la communauté scientifique – dans la mesure où un récif de ce genre ne peut d’habitude pas se former dans de telles conditions (trop de remous, de sédimentation, taux de sel trop variables) et, à l’heure où les récifs coralliens, comme la Grande Barrière de corail, sont menacés, « il est indispensable de comprendre quels organismes peuvent tolérer des conditions plus dures », estime Rebecca Albright, océanographe et spécialiste des coraux.

Action de Greenpeace au Brésil pour protester contre les projets pétroliers de Total près du Récif de l’Amazone Crédits : Ligia Nogueira de Lima / Greenpeace
Ce sont ces mêmes raisons qui avaient mené des ONG comme Greenpeace à se mobiliser pour préserver le récif corallien des menaces de l’exploitation pétrolière. Une pétition lancée en mars 2017 pour abandonner l’intégralité des projets pétroliers au large du Brésil a déjà recueilli près de 1 335 000 signatures, et a été accompagnée de manifestations partout à travers le monde. L’annonce du CNPE est donc le premier signe d’une réelle prise en considération des enjeux environnementaux liés au récif amazonien par le gouvernement. Selon Edina Ifticene, chargée de campagne Océans à Greenpeace France :
« L’administration brésilienne a pris la seule décision qui fait sens en renonçant à mettre en vente de nouveaux blocs dans la région de l’embouchure de l’Amazone. L’entreprise pilotée par Patrick Pouyanné [le PDG de Total] est de plus en plus isolée dans sa stratégie d’exploration pétrolière dont l’issue est aussi risquée qu’incertaine. Il est temps pour Total de renoncer à ce projet. »
Le retrait de Total pourrait en effet signer définitivement la fin de ce dangereux projet. Mais pour l’heure, la vente de blocs exploratoires n’a été que repoussée à 2019 et l’étude d’impact sur l’environnement de BP est toujours en cours d’étude. Rien n’est gagné, alors signons la pétition pour que la certitude de la richesse du Récif de l’Amazone ne soit pas sacrifiée à l’avenir incertain de l’industrie pétrolière.

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