Le Pantanal est un trésor de biodiversité dans le centre-ouest du Brésil. Hélas, après avoir été une première fois ravagé par des incendies en 2020, il est de nouveau la proie de flammes meurtrières. Des milliers d’incendies ont éclaté depuis janvier 2024 alors que la saison sèche vient à peine de débuter, mettant en danger les nombreuses espèces qu’il abrite.
Avec plus de 2500 départs de feu depuis le début de l’année, selon l’Institut national de recherches spatiales du Brésil, 372 000 hectares (l’équivalent du Vaucluse) ont déjà été dévorés par les flammes. Le nombre de départs de feu est en augmentation de 1 776 % par rapport à la même période en 2023.
Ces incendies éclatent principalement sur des propriétés privées, et sont malheureusement souvent perpétrés volontairement par l’homme, notamment pour agrandir les terres destinées à l’agroindustrie et l’élevage. En 2023, selon l’ONG MapBiomas, la déforestation a progressé de 59 % dans le Pantanal (et de 67 % dans les vastes savanes du Cerrado) bien qu’elle ait diminué de 62 % dans la forêt tropicale.
Or, ces grandes propriétaires sont moins faciles d’accès pour les brigades Prevfogo de la police environnementale brésilienne que les terres publiques. Les nombreux marécages obstruent également le déplacement des autorités. Les moyens manquent également : 145 pompiers ont été déployés pour surveiller les 98 000 kilomètres carrés de végétation du Pantanal. A titre de comparaison, la zone humide est plus grande que le Portugal…
Encore plus préoccupant, le Pantanal se remet à peine d’incendies dévastateurs qui avaient consumé 40 000 kilomètres carrés de végétation en 2020, et tuant les nombreux animaux qui y vivent : loutres géantes, paresseux, tatous, jaguars et caïmans pour n’en citer que quelques espèces.
Malgré la nomination de Lula, plus tourné que son prédécesseur Jair Bolsonaro vers la santé des écosystèmes, le dérèglement climatique frappe tout le Brésil : vagues de chaleur record à Rio, sécheresse en Amazonie, inondations meurtrières dans le Rio Grande do Sul. 177 humains ont été tués par ces catastrophes naturelles depuis le début de l’année. Le phénomène El Niño a également intensifié ses effets en 2023.
Pour l’heure, les yeux sont tournés vers le Pantanal dont les tourments ne font que commencer. La saison sèche s’étend habituellement jusqu’au mois d’octobre.