Le Global Monitoring Laboratory de l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA) publie chaque printemps un rapport sur les concentrations en gaz à effet de serre de l’atmosphère mesurées au cours de l’année précédente. En 2021, l’organisme fait état d’une croissance record du méthane, pour la deuxième année consécutive.
Rick Spinrad, directeur de la NOAA, a commenté dans le communiqué annuel, publié le 7 avril : « Nos données démontrent que les émissions globales continuent d’évoluer dans la mauvaise direction, à un rythme très soutenu. »
Selon la NOAA, les niveaux de méthane de méthane dans l’atmosphère ont augmenté de 17 ppb (parties par milliards) l’an dernier, et se maintiennent désormais à une concentration totale de 1895,7 ppb. Cette donnée correspond à la plus grosse augmentation annuelle enregistrée à ce jour depuis le début des mesures, en 1983.
Entre 2019 et 2020, cette augmentation était de 15 ppb et constituait déjà un record. La référence préindustrielle du méthane est une concentration globale de 720 ppb, ce qui signifie qu’elle a été multipliée par plus de 2,5.
Le méthane est le gaz qui contribue le plus au réchauffement climatique après le dioxyde de carbone. Il a une durée de vie plus courte que le CO2, mais son pouvoir réchauffant est environ 25 fois plus grand.
Rick Spinrad rappelle : « N’oublions pas que le méthane contribue également à la formation d’ozone au niveau du sol, qui cause environ cinq cent mille décès prématurés chaque année dans le monde. »
Le communiqué rapporte que le méthane dans l’atmosphère est généré par différentes sources et que la variation de leurs contributions rend leur analyse complexe, mais que selon les scientifiques, 30 % des émissions sont issues du secteur des énergies fossiles.
Le directeur estime cependant que la courte vie du méthane, d’une dizaine d’années, permet une action plus facile et rapide et est à ce sens importante à considérer :
« La réduction des émissions de méthane est un outil important que nous pouvons utiliser dès maintenant pour atténuer les impacts du changement climatique à court terme et réduire rapidement le taux de réchauffement »
L’agence américaine souligne dans son rapport annuel que les niveaux de CO2 ont également continué à fortement augmenter. En 2021, le niveau du dioxyde de carbone a augmenté de 2,6 ppm (parties par millions), portant la concentration totale à 414,7 ppm. Il s’agit là du deuxième plus grand incrément depuis le début des mesures systématiques globales du CO2,en 1959.
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Pieter Tans, chercheur à la NOAA, rappelle que l’effet des émissions de carbone est cumulatif :
« Environ 40% des émissions de la Ford-T de 1911 sont encore dans l’air aujourd’hui. Nous sommes à mi-chemin du doublement de la quantité de dioxyde de carbone qui se trouvait dans l’atmosphère au début de la révolution industrielle. »
« Il va falloir beaucoup de travail pour inverser ces tendances, car il est clair que ce n’est pas le cas à l’heure actuelle », alerte Ariel Stein, le directeur du Global Monitoring Laboratory. « Il est donc crucial que nous continuions à maintenir des systèmes de surveillance et de vérification intégrés et fiables pour aider à évaluer l’état actuel de la teneur atmosphérique en gaz à effet de serre, ainsi qu’à déterminer l’efficacité des futures mesures de réduction des émissions ».
Crédit photo couv : David Seibold