Les reporters Gaël Bordier et Tristan Mendès France nous embarquent en « Absurdie ». Rythmé par d’étranges anecdotes, ce documentaire clandestin et satirique sur la Birmanie nous est contés pour que nous ouvrions les yeux sur l’une des plus anciennes dictatures en place.

Retrouvez l’intégralité du documentaire ici

Birmanie ou Myanmar ?

En 1948, le pays est devenu indépendant du Royaume-Uni avec pour nom officiel en anglais Burma (Birmanie en français). Depuis une myriade de dictatures se sont enchaînées. Si officiellement, la Birmanie se revendique comme une république parlementaire, le dirigeant militaire Tan Shwe s’est illustré comme l’un des pires tyrans que la terre ait portés. Aujourd’hui, les 51 millions d’habitants sont soumis à des lois strictes et à une surveillance ferme.

C’est en 1989 que le régime du général Ne Win a changé le titre de Birmanie en Myanmar, un terme du 13^ème siècle qui signifie « les premiers habitants du monde ». Le moyen le plus sûr de passer pour un opposant au régime, un dissident ou un rebelle est alors de ne pas utiliser la nouvelle nomenclature. Par ailleurs, l’ambassadeur birman aux Nations Unies rappelle régulièrement à l’ordre des pays tels que la France ou les Etats-Unis qui ne reconnaissent pas le régime ou refusent d’utiliser la nouvelle appellation.

« Happy World – Birmanie : la dictature de l’absurde »

Gaël Bordier et Tristan Mendès France se sont fait passer pour des passionnés de tourisme, l’un des fonds de commerce du pays, afin de ne pas être soumis à la surveillance rapprochée voire être expulsés par le régime. De manière originale, ce documentaire ne dépeint pas la Birmanie par son histoire, sa démographie ou son économie, mais par des situations absurdes qui sont imposées par le régime.

Ainsi, la proximité des dirigeants avec les prédictions astrologiques donne lieu à des lois ubuesques. Par exemple depuis 1974, la majorité des Birmans (transports publics inclus) roulent à droite alors que le volant lui-même est à droite, car c’est censé porter chance au régime. De la même manière, dans les années 80, le gouvernement n’a plus édité que des billets de 90 et 45 kyats car le chiffre 9 et ses multiples étaient supposés être favorables à la junte !

Au fil du documentaire, on se croirait dans un mauvais film : tout y est ! Contrôle des médias, surveillance des citoyens, propagande, cultures forcées, villes fantômes à la gloire du régime… Le contrôle est effectué physiquement et psychologiquement par l’armée : l’accès à internet est très réduit et contrôlé, les étudiants sont freinés volontairement, la consommation de carburant est limitée pour éviter de trop longs trajets, la drogue est faussement combattue tout en étant un fonds de commerce juteux pour la Birmanie (qui est le deuxième pays producteur d’opium après l’Afghanistan).

Sachons-le

Parallèlement, le gouvernement procède à un véritable nettoyage ethnique envers les Rohingyas, minorité musulmane persécutée par un courant bouddhiste extrémiste. Est-ce que l’entrée de ce pays sur la scène internationale et son ouverture au tourisme vont favoriser une transition démocratique ? Rien n’est moins sûr. Quoi qu’il en soit, les Birmans, pieds et mains liés, sont soumis depuis plus d’un demi-siècle à un régime répressif qui bloque leur accès à l’éducation et au monde extérieur.

L’excellent projet du documentaire (et des expériences interactives) Happy World – Birmanie : la dictature de l’absurde, s’inscrit dans un mouvement de sensibilisation de la communauté internationale, indispensable pour la construction d’un avenir meilleur pour la Birmanie et ses habitants.

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