Des terreaux sans vers, des printemps sans chants d’oiseaux, des océans sans odeur de mer. Les conséquences du réchauffement climatique et de la pollution modifient en profondeur nos expériences de ce qui nous entoure, et pas seulement de ceux qui vivent près de la nature.
Les puissants de ce monde vont bientôt pouvoir le sentir eux-mêmes. Dans le golf de Gascogne, sur les côtes de Biarritz, l’océan n’a plus d’odeur. C’est là que se déroulera du 24 au 26 août prochains le G7 où les chefs d’États devront s’entendre sur l’avenir de la planète.

Ce phénomène n’est pas nouveau. Ce sont déjà 400 zones mortes dites hypoxites, où tout simplement l’océan s’asphyxie. Privée d’oxygène, la faune et la flore marine meurt ou déserte. Les courants modifiés par le réchauffement climatique ne régénèrent plus les eaux, l’échange entre eaux de surface et eaux de profondeur devenant plus difficile. L’oxygène n’atteint plus les profondeurs.
Ce sont 60 000 km carrés dans la baie du Bengale en Inde, 22 000km carrés dans le golfe du Mexique, ou encore en mer Baltique.
En cause, la pollution par le déversement de produits de l’industrie agricole et pétro-chimique : l’azote et le phosphore des produits agricoles favorise la prolifération d’algues qui consomment l’oxygène en se décomposant. Dans le golf de Gascogne, les détergents pétrochimiques de nos lessives ne sont pas filtrés par les stations d’épuration et se retrouvent dans l’océan.
Triste ironie : en lavant nos vêtements, nous salissons les océans. L’ONG France Nature Environnement et l’association Sepanso alertent sur les dangers de ces composants qu’on ne voit pas.

À l’heure des grandes phrases et des slogans écologiques, le G7 et la France seront sous la loupe de ceux qui alertent depuis des années. Le communiqué de l’Élysée stipulant que « nous proposerons des mesures concrètes pour protéger la planète, en mettant l’accent sur la protection de la biodiversité, du climat et des océans » ne suffira pas. En attendant, les agents chimiques ne sont pas pris en compte dans la mesure de qualité des eaux de baignade dans le golfe de Gascogne.
Les générations précédentes avaient comme image de la pollution les fumées sortant des usines et les sacs plastiques jetés par terre. Ces représentations ne sont déjà plus les nôtres. Micropolluants dans l’eau, particules fines dans l’air, absence de vers dans le sol, aujourd’hui les plus grands dangers pour notre santé et pour celle de la terre sont invisibles. À nous d’ouvrir les yeux.