Sapristi ! Des moutons dans la ville ? Peut-être avez-vous déjà croisé cet « animal à poil laineux » sur un trottoir ? Ce sympathique herbivore va bientôt conquérir le macadam de Paname. Il squatte déjà les coins de verdure de Saint-Denis grâce à ses amis de l’association Clinamen. Il s’est également installé à Nanterre, au cœur de la Ferme du Bonheur, et il a investi la Bergerie des Malassis, dans un quartier de Bagnolet. « Même pas peur du béton ! » dit le mouton.
Tous les jours a lieu la « sortie des moutons » à l’association Clinamen. Il faut dire que ça broute ces bêtes là ! Ils s’en vont prendre l’air au parc Georges Valbon (la Courneuve) accompagnés de leurs bergers urbains. À peine un sabot dehors, et les voitures klaxonnent. Les vitres se baissent et laissent apparaître des sourires amusés. Souvent, les enfants ne boudent pas leur plaisir, ou se tiennent étrangement cois, sous le coup de la surprise. « Certains n’ont jamais vu ces animaux qu’à la télé » confie Julie-Lou Dubreuilh. La ville est devenue un paradis pour les ruminants, ils s’attardent sur les pelouses non tondues pour la plus grande joie des habitants. Toutes les deux minutes, les bêtes sont prises en photo ou se font caresser. Tranquilles et indifférentes, elles continuent de pâturer. Au-delà de leur abord sympathique, les moutons ont une vraie “mission” : ils sont chargés d’entretenir les espaces verts.
« C’est comme si la ville avait attendu que quelqu’un se jette à l’eau pour prouver que c’était possible. Aujourd’hui, nous voulons mettre notre regard paysan au service des villes en transition. Le territoire urbain a d’avantage besoin de paysans, que de techniciens en espaces verts. Nous sommes résolus à transformer la ville, pelouse après pelouse. » Julie-Lou, conférence TEDx
Non loin de Saint-Denis, dans un recoin de Bagnolet, s’est établie une association de quartier qui se fait appeler la Bergerie de Malassis. « Il y a avait vraiment besoin d’un lieu ouvert, d’un lieu de rencontre et d’un peu de poésie au milieu de ces barres d’immeubles » explique Gilles, alias « Petit Pois ». « On ne s’est pas dit de suite qu’il fallait faire une bergerie. L’idée de départ c’était d’acheter des animaux. Une chèvre, deux brebis et petit à petit nous avons créé le lieu qui existe aujourd’hui ». Les animaux tissent un lien social entre les gens, ils ravivent notre humanité. C’est pour cela que Gilles, et son acolyte Lucas, ont décidé d’animer des ateliers pédagogiques. Les enfants sont toujours partants : « je m’amuse beaucoup ici, j’aime venir aider. Si on n’avait pas ça dans le quartier, je serais certainement à la maison, sur internet ou devant la télé » témoigne Lucas, 13 ans.

Et la pollution ? « On ne va pas faire semblant qu’elle n’existe pas » concède Simone Schriek. « Evidemment, nous faisons attention à l’emplacement de nos moutons. Mais pour ce qui est de la pollution inhérente à la ville, nous considérons qu’elle n’est pas pire que celle de la campagne où les pesticides sont massivement utilisés sur les exploitations agricoles ». Cette remarque est d’autant plus juste qu’une nouvelle loi est entrée en vigueur le 1er janvier 2017. Il s’agit de la « loi Labbé » interdisant l’utilisation de pesticides dans les espaces publics. Bonne nouvelle pour l’agriculture urbaine !
Si vous êtes dans les parages, une « balade urbaine et transhumance à moutons » est organisée le 4 juin prochain à partir de l’Arche de la Défense (Hauts-de-Seine). Mais qui a eu cette idée folle ? Roger des Près de la Ferme du Bonheur a proposé cette « animation » à l’occasion de l’opération « Rendez-vous aux jardins ». Vous n’avez plus qu’à chausser vos bottes et à vous dégotter une cocotte !

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