Des banques et sociétés d’assurances françaises sont en ligne de mire directe sur l’expansion coloniale israélienne dans un rapport publié mercredi 29 mars par un collectif d’ONG.
Les banques françaises au service de l’expansion coloniale israélienne ?
Ce rapport publié par un regroupement d’ONG et de syndicats, parmi lesquels on trouve la FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme), l’Association France Palestine, la CGT, ou encore la CCFD-Terre Solidaire (Comité Catholique contre la faim et pour le Développement), met en lumière des liens financiers de différentes banques avec des groupes israéliens actifs en Cisjordanie. L’accusation principale de cette enquête est l’apport que ces banques françaises apporteraient à l’expansion coloniale israélienne aux dépend de la Palestine mais également au dépend de son engagement à la construction de la paix.
Pour rappel, les colonies (qui sont des implantations civiles israéliennes dans le territoire palestinien), sont illégales au regard du droit international. La France avait officiellement condamné cette colonisation et avait également soutenu les résolutions de l’ONU en la matière. En effet, en janvier dernier l’Hexagone avait jugé « préoccupantes » les 2 500 nouvelles constructions de logements annoncées par Israël en Cisjordanie, qui équivalaient déjà presque au nombre de celles construites au cours de l’année 2016.
Quelles sont les institutions dénoncées et pourquoi ?
Dans un premier temps, la mise en lumière est apportée sur le rôle des banques israéliennes dans le financement des colonies : les constructions de logement, le développement des infrastructures, nécessitent des apports fournis par les institutions financières. Ensuite, les banques israéliennes entretiennent des relations et partenariats avec leurs homologues français. Au regard du droit international, la responsabilité de ces branches françaises est donc mise en cause : « Les principales institutions financières françaises contribuent indirectement au maintien et au développement de cette situation illégale » dénoncent les auteurs du rapport.
Le rapport met en avant des analyses effectuées par le cabinet de conseil néerlandais Profundo sur une base de données publiques qui démontrent que BNP Paribas, Crédit Agricole, Société générale, BPCE ou encore Axa, auraient des participations (directes ou indirectes) dans le capital de ces banques israéliennes actives en Cisjordanie. Ce tableau montre les liens, sous forme d’actionnariat ou de gestions d’actifs, entre les banques. Ces données montrent également que les quatre premières banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, LCL qui appartient au groupe Crédit Agricole, et Natixis filiale du groupe BPCE) ont débloqué des prêts d’un montant total de 288 millions d’euros « sur la période 2004-2020 à l’entreprise publique israélienne Israël Electric Corporation (IEC), pour un projet d’extension de deux centrales électriques au gaz, alors même que l’IEC approvisionne en électricité l’ensemble des colonies illégales en Cisjordanie occupée »
Le cas n’est pas isolé et des entreprises européennes ont déjà mis fin à leur collaboration avec des partenaires israéliens afin de se conformer aux principes internationaux. En 2016, Orange avait déjà résilié son contrat avec l’entreprise israélienne suite à un rapport semblable.
La réponse des institutions à ce sujet
Les institutions financières ont réagi, dans la foulée mais avec précaution, aux accusations portées par le collectif. Axa a répondu à l’Association France Palestine que « Le cas soulevé a été étudié avec attention par les membres des équipes impliquées dans les décisions relatives à la politique d’investissement responsable. Elles en ont conclu que les entreprises citées ne rentraient pas dans le cadre des exclusions de notre politique d’investissement responsable ». De son côté, le Crédit Agricole met l’accent sur le fait que sa filiale responsable des actifs Amundi « a mis en place des règles d’exclusion et de sélection stricte des émetteurs ». Le groupe ajoute également avoir pris la décision d’exclure les sociétés directement impliquées dans les constructions, le développement ou le maintien des colonies. Le Crédit Agricole précise néanmoins, dans des propos recueillis par le Monde, qu’il ne lui parait « pas opportun d’exclure des compagnies ayant un lien moins direct avec les constructions des colonies (…). Il en est ainsi des établissements financiers. »
La plupart des acteurs cités dans le rapport ont toutefois reconnu que les accusations étaient fondées.
La question de la responsabilité des entreprises et des institutions financières occidentales dans l’expansion coloniale se pose depuis plusieurs années. Les signataires de ce rapport appellent à plus de vigilance et de respect face aux engagements de la part de l’Etat français.
Sources : Le Monde / Multinationales.org

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