Maison d’édition et média indépendants, sans actionnaire et sans pub, financés par la vente de nos livres

La Banque mondiale souhaite une déréglementation totale du marché du travail

Dans la version provisoire de son Rapport sur le Développement dans le Monde (RDM) 2019, la Banque mondiale dévoile un avenir mitigé pour le monde du travail. Elle appelle à la fois à la réduction des inégalités, tout en préconisant une déréglementation du marché et annonçant la fin du rôle des institutions du marché du […]

Dans la version provisoire de son Rapport sur le Développement dans le Monde (RDM) 2019, la Banque mondiale dévoile un avenir mitigé pour le monde du travail. Elle appelle à la fois à la réduction des inégalités, tout en préconisant une déréglementation du marché et annonçant la fin du rôle des institutions du marché du travail dans la protection sociale des travailleurs.

Un « nouveau contrat social »

L’édition 2019 de la publication phare de la Banque mondiale, le Rapport sur le développement dans le monde (RDM), qui consiste en un examen annuel des politiques de développement à l’échelle mondiale, est consacré au thème de l’avenir du travail, « The Changing Nature of Work ». Ce texte, dans sa dernière parution provisoire, donne des directives et des recommandations pour un « nouveau contrat social » entre employeurs et employés.

Dans les grandes lignes, les éléments proposés à la construction d’un nouveau contrat social sont : la création d’emplois, l’investissement dans le capital humain, de plus grands impôts sur les multinationales et grandes entreprises, et l’introduction du revenu de base. Un programme qui pourrait être attrayant s’il n’était pas marqué par l’absence quasi totale, dans le rapport, des droits des travailleurs et du phénomène d’asymétrie des pouvoirs dans le marché du travail.

Plus inquiétant, le programme présenté repose sur une forte déréglementation du marché du travail avec l’incitation à réduire le montant des salaires minimum, des procédures de licenciement plus flexibles et des « contrats zéro heure » inspirés du modèle britannique. Les salaires minium sont notamment accusés de ne plus être en phase avec la réalité du marché, et de faire peser trop de charges sur les entreprises, empêchant ainsi de passer certains travailleurs d’un emploi informel à un emploi formel. Selon le Rapport, les mesures pour protéger les salariés contre le licenciement devraient également être allégées ou supprimées dès qu’elles engendrent des « rigidités structurelles » pour les entreprises et les travailleurs.

Une vision du monde trop uniformisée ?

Dans ses premières conclusions, ce rapport s’appuie sur la nature changeante des entreprises, l’impact de la numérisation et robotisation, et affirme que les institutions du travail et les systèmes de protection sociale existants, quand ils dépendent de relations employeur-employés, sont arrivés à leur terme. Malgré cette annonce, le Rapport précise que les syndicats « continueraient de jouer un rôle », sans en préciser l’exacte teneur, et le poids dans les négociations pour inclure les travailleurs informels.

Cette perspective de déréglementation, précise Peter Bakvis, Directeur de la Confédération syndicale internationale, « rappelle les premières éditions du rapport Doing Business (Pratique des affaires) parues au milieu des années 2000, qui prônaient l’élimination à grande échelle des réglementations du travail, sous prétexte qu’elles asphyxiaient l’investissement et la croissance de l’emploi. Suite aux critiques sévères émanant du mouvement syndical, de l’Organisation Internationale du Travail et de certains gouvernements, en 2009, la Banque mondiale avait dû suspendre l’indicateur Doing Business de la flexibilité du marché du travail. »

En effet, les préconisations d’un rapport aussi global ne peuvent pas prendre en compte les spécificités de chaque pays. Ainsi, la proposition d’un revenu universel de base ou d’impôts négatifs devraient, pour les auteurs du Rapport, être accompagnés par une hausse considérables des autres impôts, sans toute fois préciser la somme que ces impôts pourraient être capables de dégager dans les pays en voie de développement, aux populations majoritairement pauvres.

Ce Rapport a quand même quelques heureuses injonctions : la nécessité d’augmenter les impôts sur les entreprises polluantes et celles des réseaux sociaux, particulièrement quand elles se cachent dans les paradis fiscaux, et la nécessité pour les plus riches de payer leurs impôts à leur juste valeur, pour réduire les inégalités.

image 11

Pour commander notre nouveau Livre-Journal, cliquez sur l’image !

Laurie Debove

Faire un don
"Le plus souvent, les gens renoncent à leur pouvoir car ils pensent qu'il n'en ont pas"

Votre soutien compte plus que tout

Découvrez Forêts, un livre puissant qui va vous émerveiller

Forêts est le seul livre en France qui propose un tour d’horizon aussi complet sur le monde végétal. Pour comprendre comment protéger le cycle de l’eau, notre livre «Forêts», écrit par Baptiste Morizot, Thierry Thevenin, Ernst Zurcher et bien d’autres grands noms, vous donne toutes les clés de compréhension pour comprendre et vous émerveiller sur la beauté de nos végétaux.

Pour comprendre et savoir comment protéger le cycle de l’eau, notre livre «Forêts» est fait pour vous.

Articles sur le même thème

Revenir au thème

Pour vous informer librement, faites partie de nos 80 000 abonnés.
Deux emails par semaine.

Conçu pour vous éveiller et vous donner les clés pour agir au quotidien.

Les informations recueillies sont confidentielles et conservées en toute sécurité. Désabonnez-vous rapidement.

^