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Une baisse alarmante de la production de miel en 2016…

En 20 ans, la production annuelle de miel en France a été divisée par un peu plus de trois. En cause : le réchauffement climatique, l’utilisation généralisée de pesticides, et l’immigration de prédateurs de l’autre bout du monde. Ces menaces ont lourdement pesé sur le destin de nos amies les butineuses, propulsant leur taux de mortalité […]

En 20 ans, la production annuelle de miel en France a été divisée par un peu plus de trois. En cause : le réchauffement climatique, l’utilisation généralisée de pesticides, et l’immigration de prédateurs de l’autre bout du monde. Ces menaces ont lourdement pesé sur le destin de nos amies les butineuses, propulsant leur taux de mortalité moyen de 5% à 30%.

Production en berne

Avec seulement 9 000 tonnes, la récolte 2016 de miel est catastrophique (baisse de 33% par rapport à 2015), mais ne fait que confirmer une tendance esquissée depuis 20 ans. Malgré une augmentation du nombre d’apiculteurs, les rendements sont en baisse ; une partie de ce résultat s’explique de façon conjecturelle, mais le véritable responsable est l’homme : dans une synthèse commandée par FranceAgriMer, on peut lire :

« les conditions météorologiques défavorables tout au long de la saison (…) sont les principales responsables (…)  à cela se sont ajoutés d’autres facteurs comme un taux de mortalité élevé dans certaines zones ».

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L’ennemi numéro un : les pesticides

Il ne fait pas bon être une abeille au XXIème siècle, car c’est l’époque des pesticides : la mortalité des abeilles est imputée par plusieurs études scientifiques aux néonicotinoïdes, une catégorie d’insecticides particulièrement puissant, utilisés pour lutter contre les parasites. Très employé par les agriculteurs (augmentation de 31% des tonnages vendus en France de 2013 à 2014), ce produit est malheureusement bien trop puissant et dangereux pour l’environnement et la santé. Les premières à en pâtir sont les abeilles, qui butinent les cultures traitées avec la molécule (comme le colza) ; on constate alors une mortalité trois fois plus élevée que la normale, ainsi que d’autres effets comme la perte du sens de l’orientation ou de la fécondité.

Mais ce n’est pas tout. Les néonicotinoïdes s’attaquent également aux autres habitants des champs (rongeurs, reptiles, oiseaux), des cours d’eau avoisinants (poissons, amphibiens) ; il présentent même probablement des effets néfastes sur la santé humaine : selon une première analyse scientifique sur le sujet, publiée en février dernier, cette catégorie de pesticides est associée à « des conséquences développementales ou neurologiques défavorables » (autisme, tremblements, malformations du cœur et du cerveau chez les nouveau-nés).

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Lente réaction des autorités

Malgré les plaintes répétées des apiculteurs, la réaction des autorités se fait attendre. Si trois molécules font déjà l’objet de restrictions au niveau européen, l’utilisation des néonicotinoïdes est encore pour ainsi dire totalement libre. La situation pourrait changer en 2018, avec la mise en application de la « loi biodiversité » de 2016. Fortement débattue et amendée lors de sa conception, elle propose d’interdire ces pesticides en 2018, avec des dérogations jusqu’en 2020. Une concession aux lobbies agricoles regrettée par les milieux écologistes : « c’est un recul face aux pressions de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des lobbies agrochimiques », avait déclaré en juin dernier l’association Générations futures.

Il faudra également attendre que se développent de véritables alternatives aux néonicotinoïdes, offrant la même efficacité et la même simplicité d’usage. L’agence de sécurité sanitaire française (Anses) a été commissionnée pour trouver ces alternatives, mais fait face à plusieurs années de test pour couvrir les quelques 3 500 usages de préparations à base de néonicotinoïdes qui ont cours. Plusieurs pistes ont déjà été abordées dans le cas de la vigne (autres produits chimiques, méthode manuelle d’arrachage des plants malades, utilisation d’eau chaude, d’huiles ou de poudres minérales) avec des résultats encourageants.

Au tableau des menaces pesant sur l’abeille, il faut encore ajouter la multiplication récente des prédateurs comme le frelon asiatique et le varroa (un acarien parasite). Le premier, apparu en France en 2004 (il est originaire des montagnes entre l’Inde et la Chine), nourrit ses larves avec des cadavres d’insectes et notamment d’abeilles. Malgré une progression fulgurante sur le territoire français (seulement 12 départements ne sont pas touchés), peu de mesures sont prises pour lutter contre cet envahisseur miniature.

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La mobilisation des apiculteurs

Afin de sensibiliser la population et les autorités sur l’importance cruciale des abeilles, l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) a lancé en 2005 le programme « l’abeille, sentinelle de l’environnement », qui propose à des entreprises ou collectivités locales de construire un rucher à visée pédagogique. Avec plus d’une soixantaine de partenaires aujourd’hui, ce programme propose chaque année, à l’occasion des Apidays, des animations autour du miel (expositions, ateliers cuisine, dégustation, visites des ruches et initiations à l’apiculture). « Nous devons défendre le secteur, mais surtout prendre des mesures au plus vite pour protéger nos abeilles », plaide Henri Clément, porte-parole de l’UNAF, interrogé par Le Monde.

A cet effet, l’UNAF insiste sur le rôle essentiel de l’abeille dans la biodiversité et l’agriculture. En plus de produire du miel, ce petit animal est la clef de voûte de notre production alimentaire : en participant consciencieusement à la pollinisation de 80 % des espèces de plantes à fleurs, l’abeille assure la production de colza, de courgettes, de pommes, de cacao… Il est donc vital de sauvegarder cette espèce, en supprimant les pesticides, mais aussi en modifiant notre façon de cultiver :

« il est grand temps de réorienter l’agriculture et de cesser d’exploiter une seule espèce végétale à la fois. Cette pratique limite les sources de pollen et détruit certaines espèces florales convoitées par les abeilles », explique Henri Clément.

Abeilles urbaines

En attendant, des initiatives innovantes d’apiculture urbaine mettent à profit l’absence de pesticides en ville, ainsi que la diversité végétale qu’on y trouve (fleurs, tilleurs, marronniers). C’est ainsi que l’on voit pousser les ruches au cœur des villes, dans des endroits parfois insoupçonnés (toits, aires d’autoroutes, cours de lycées). C’est par exemple le cas du Palais d’Iéna (siège du Conseil économique, social et environnemental), qui accueille depuis le 6 juin trois ruches sur son toit.

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Antoine Puig

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