Les îles Eparses sont un archipel de cinq îles situées tout autour de Madagascar. Depuis la sortie de cette dernière de l’empire colonial français dans la seconde moitié du XXème siècle (d’abord en 1960 avec la Guerre d’Indépendance puis de manière définitive en 1972) cet archipel est l’objet de tensions entre les deux pays. Pourquoi cette discorde qui dure depuis presque 40 ans pour de minuscules îles quasiment désertiques ? La raison est simple : la potentielle existence de sources d’hydrocarbures qui pourrait rapporter gros au pays qui en bénéficie.

Source : Wikimedia Commons
C’est Didier Ratsiraka, le président malgache de l’époque, qui, en 1973, revendique la souveraineté de l’archipel en appuyant qu’il appartient à Madagascar et que la France doit se retirer de ce territoire. Le gouvernement malgache, face à la non-réponse du gouvernement français, porte le dossier jusqu’aux Nations Unies qui lui donnent raison en demandant à la France de discuter avec Madagascar pour trouver un terrain d’entente sur la gestion de cet archipel. Ban-Ki Moon, en visite sur l’île africaine, déclare ainsi :
« La résolution des Nations unies 3491 de l’assemblée générale a traité la question et invite le gouvernement français à entamer des pourparlers avec le gouvernement malgache. »
La France continue de faire la sourde oreille en ne répondant ni aux protestations et contestations malgaches ni aux conseils des Nations Unies. La présence d’une importante source d’hydrocarbure attise, semble t’il, l’avidité du gouvernement français qui compte bien garder la main sur cet archipel presque insignifiant géographiquement, mais très intéressant économiquement.

Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron, à l’époque encore seulement candidat, avait qualifié la colonisation française en Afrique de « crime contre l’humanité ». On suppose donc que le sujet des îles Eparses l’intéresse particulièrement. Celles-ci sont, en effet, les restes des politiques coloniales de l’empire français du XIXème et du début du XXème siècle. La France n’a aucune légitimité pour revendiquer la souveraineté de ce territoire, si ce n’est par son passé colonial qui lui a permis d’asseoir son autorité sur des populations étrangères pour assouvir sa soif de domination et de développement économique.
Le sujet ici est sensible pour le gouvernement français. Rendre ce territoire aux Malgaches semble être de bon sens et allant dans la direction des valeurs promises et promues par la France (« liberté », « égalité »…). On sent cependant une réelle aversion à rendre ce territoire qui pourrait rapporter gros. On parle en effet d’une dizaine de milliers de barils de pétrole disponibles et entre trois et cinq milliards mètres cubes de gaz qui se situeraient sur cette zone. Cette aversion a été confirmée par l’ambassadrice française de Madagascar qui en 2015 a déclaré que les îles Eparses étaient françaises. De son côté, Emmanuel Macron a reçu le président malgache actuel avec lequel le sujet des îles Eparses a été abordé, sans toutefois de décisions à la clé.
Ces ressources pourraient permettre, si elles étaient mises à la disposition de Madagascar, de développer ce pays qui a un PIB par habitant très faible, près de vingt fois inferieur à la France. Cette dernière reste cependant intransigeante, des militaires français sont ainsi présents sur l’archipel et les autorisations de prospection et de forage en eaux profondes des compagnies pétrolières Sapetro et Marex Petroleum ont été reconduites pour cinq ans. Encore une fois, les intérêts financiers et économiques prennent le pas sur l’évidence humaniste.

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