Entre 2013 et 2015, les ventes de néonicotinoïdes ou insecticides tueurs d’abeilles ont augmenté en France de 4% malgré la suspension partielle et provisoire imposée par l’UE sur plusieurs produits.
Le récent arbitrage positif du gouvernement
Il y a quelques jours intervenait le premier désagrément entre le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert et le ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot, concernant l’interdiction de ces néonicotinoïdes. Si le ministre de l’Agriculture a proposé son retrait pour cause de manque de « conformité avec le droit européen » et de « manque de substitution pour certains néonicotinoïdes », Nicolas Hulot a coupé court suite à l’arbitrage du Premier ministre, Edouard Philippe, en tweetant que « les interdictions de néonicotinoïdes et d’épandage aérien ne seront pas levées, les arbitrages ont été rendus en ce sens ». Le Premier ministre confirmera cette décision par la suite. Seulement, quels sont les effets de cette interdiction au vu de la constante augmentation de la vente de ces pesticides ?
L’art de contourner une loi, pourtant déjà faible
C’est en décembre 2013 que l’Europe a restreint (et non interdit) l’utilisation de trois substances pour les cultures à fleurs et non pour les céréales d’hiver (clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame). Cette restriction a été efficace mais n’a eu qu’un effet de report d’utilisation sur d’autres produits ; en effet, si les quantités de clothianidine et de thiaméthoxane ont chuté de 72%, l’utilisation de thiaclopride a été multipliée par 2,5 selon l’UNAF, l’Union nationale de l’apiculture française. Concernant l’imidaclopride, les ventes sont restées stables entre 2013 et 2015, le moratoire étant donc complétement ignoré. Cependant, l’UNAF explique que cela proviendrait du « maintien de son autorisation sur les céréales à paille » et rappelle que la substance n’est autre que celle qui « contamine le plus les eaux de surface françaises » (en plus de ses effets néfastes sur les abeilles).

A l’aube de la catastrophe
En France, près de 30% des colonies d’abeilles disparaissent chaque année et en 10 ans, 15 000 apiculteurs ont cessé leur activité. Ce phénomène très préoccupant n’est autre que l’œuvre des pesticides (entre autres : maladies, pollution, réduction de la ressource alimentaire, infection parasitaires etc.) dont on use et abuse. Ces substances provoquent également ce que l’on appelle le Syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles, c’est-à-dire que les ruches se vident de leurs abeilles subitement sans que l’on retrouve de cadavre à proximité.
Au vu de l’importance du rôle écologique de cette petite beauté rayée en tant que pollinisatrice, ce déclin n’est ni plus ni moins qu’une catastrophe. En effet, l’abeille est un peu la cigogne au baluchon des végétaux : elle est responsable de la reproduction de plus de 80% des espèces végétales et de la production de plus des trois quarts des cultures dans le monde. Lorsqu’on sait cela, on pourrait imaginer que l’Homme, animal intelligent et intéressé par sa propre survie, couverait avec amour celles qui lui permet de s’alimenter.

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