Vous avez certainement déjà entendu parler de la ferme des Mille vaches, cette immense exploitation agricole regroupant plus de 730 bovins. Si de nombreuses voix s’élèvent, particulièrement chez les agriculteurs, en faveur d’exploitations à taille humaine, il semble que ces revendications ne soient pas parvenues aux oreilles de la filière bovine qui soutient la création d’une gigantesque ferme-usine capable d’accueillir près de 4000 veaux en Saône-et-Loire.
Des exploitations toujours plus gigantesques au détriment de l’humain, de l’environnement et du bien-être animal
A Digoin (Saône-et-Loire), un immense hangar de plus de 8000 m2 est actuellement en passe d’être construit. L’objectif ? Permettre à son exploitant de parquer en même temps près de 4000 bovins mâles, en attendant leur exportation par bateau. Grande première en France, ce projet permettrait de faire transiter plus de 30 000 bêtes chaque année, le temps d’effectuer les vérifications sanitaires nécessaires à leur exportation.
Le dossier monté par Daniel Viard, propriétaire de l’exploitation existante, pour l’enquête publique révèle déjà les failles et les dangers d’une telle exploitation, qui n’ont pas manqué d’alerter les associations et les agriculteurs de la région. La fédération locale des associations environnementales – la Capen 71 – a ainsi pointé du doigt le risque de pollution de la rivière voisine.
Mais d’autres problématiques sont également soulevées par la construction d’une telle exploitation : la confédération paysanne de Saône-et-Loire alerte notamment sur la sous-estimation de la quantité de fumier ou d’eau nécessaires au fonctionnement de l’exploitation et à l’espace vital laissé aux bêtes : moins de 3 mètres carrés par animal, une fois le hangar aménagé. Le personnel mobilisé parait lui aussi insuffisant : seulement 2 employés supplémentaires, pour 4000 bovins de plus. Un salarié de la ferme de 1000 vaches avait déjà témoigné des conditions de travail et des rythmes particulièrement difficiles à tenir : « les salariés sont usés, comme les vaches » avait-il confié à Reporterre.
Mais ce n’est pas tout, en dehors de ces incohérences de cette aberration écologique et humaine, certains agriculteurs dénoncent également les risques sanitaires : « on a déjà eu des broutards [veau au pâturage] contaminés par les siens il y a quelques années (…) une telle concentration, ça augmente les maladies » alertent Bertrand et Arnaud Paire, deux éleveurs de charolaises de la région.
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Un nécessaire retour aux exploitations de petites tailles, tournées vers les consommateurs locaux
Il faudrait donc tirer les leçons de la ferme de 1000 vaches et revenir à des exploitations plus petites, tournées vers la consommation locale. A contre-courant de cette tendance actuelle, la filière bovine française est tournée vers les exportations, comme l’explique Anne Vonesch :
« (…) On produit trop de viande bovine en France, sans exportations, la filière est foutue, elle recherche donc sans cesse des marchés ».
Christian Bajard, président de la section bovine de la FDSEA justifie d’ailleurs la taille de l’exploitation par un ajustement aux exigences des activités d’exportation : « 4 000 bêtes, cela correspond à un bateau, cela permet d’avoir un lot de bovins présentant le même état sanitaire. ».
Pourtant, des modèles d’agriculture alternatifs et raisonnés ont déjà fait leurs preuves : mais il faudrait pour cela privilégier l’embauche de nouveaux salariés plutôt que d’orienter l’exploitation vers la seule recherche de productivité.
Crédits photo : L214

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