Comme chaque année depuis 1970, l’humanité va vivre pendant une partie de l’année « à crédit », c’est-à-dire au-delà des capacités théoriques de production en ressources et d’absorption des déchets de la planète. Même si certains indicateurs enjoignent à l’optimisme, il est urgent de redoubler d’efforts collectifs et individuels pour enrayer la périclitation de notre foyer.
Ça s’en va et ça revient
Chaque année, l’ONG américaine Global Footprint Network (GFN) publie une date fatidique : le jour à partir duquel l’humanité aura consommé toutes les ressources de la planète pour l’année. En tenant compte du renouvellement des ressources naturelles, l’ONG détermine, avec ses 70 partenaires scientifiques, la « biocapacité » de la Terre et la divise par l’empreinte écologique annuelle de l’humanité. Le calcul, évidemment, n’est pas infaillible puisqu’il réduit des ressources très diverses en un seul indicateur, mais l’ONG estime sa fiabilité entre 10% et 20 %.
Inexorablement, la date du « dépassement global » recule chaque année. Pour 2017, l’ONG a annoncé la date du 2 août, soit 6 jours de moins que l’année dernière. En guise d’indication, elle précise qu’en 1970, l’humanité était tranquille jusqu’au 23 décembre. « Pour subvenir à nos besoins, il nous faut aujourd’hui l’équivalent de 1,7 planète par an », affirment les experts de GFN. Face à ce constat, l’humanité n’est malheureusement pas à égalité, car les capacités naturelles comme l’empreinte écologique ne sont pas équitablement réparties : par exemple, les Etats-Unis, malgré d’immenses réserves naturelles, consomment plus qu’ils ne peuvent se le permettre (avec néanmoins une nette tendance à la baisse depuis 2005) ; le Canada, au contraire possède encore une considérable « réserve écologique ».

Des chiffres et des litres
Pour mieux se figurer comment l’humanité peut épuiser les formidables ressources de la planète, il suffit de consulter les affolants chiffres de la consommation en nourriture. Avec l’augmentation globale du pouvoir d’achat dans le monde (l’extrême pauvreté a été divisée par deux depuis 1990), ainsi que la pure et simple explosion démographique que nous vivons (environ 83 millions d’individus s’ajoutent à la population mondiale chaque année), notre empreinte écologique est de 22 milliards d’hectares. Autrement dit, il faudrait idéalement une telle surface « pour produire les ressources et pour absorber les déchets que nous produisons ». Malheureusement, la superficie émergée de la planète n’est que de 15 milliards d’hectares.
Côté nourriture, l’humanité a un extraordinaire coup de fourchette : chaque année, nous engloutissons ainsi 1,7 milliards de tonnes de canne à sucre, 653 millions de tonnes de blé, l’équivalent en viande de 60 milliards d’animaux (bœufs, cochons, volailles, moutons) ou encore 105 millions de tonnes de bananes. Pour arroser le tout, ce sont 89 milliards de bouteilles d’eau, 183 milliards de litres de bière, 400 milliards de cafés ou encore 350 milliards de litres de Coca-Cola qui sont consommés chaque année.
CO2, suspect n°1
Aussi impressionnants que ces chiffres soient, ils ne sont qu’un problème mineur pour la planète. En effet, l’essentiel de l’empreinte écologique de l’humanité est à imputer à nos émissions de gaz à effet de serre, et notamment de CO2. Selon GFN, les émissions de CO2 représentent 60% de notre empreinte écologique globale ; la planète n’étant plus capable d’absorber de tels taux dans l’atmosphère, il en résulte le réchauffement climatique que nous connaissons.
L’ONG ajoute que si nous arrivions à réduire nos émissions de moitié, le jour du « dépassement global » reculerait de 89 jours ; à long terme, il nous faudra réduire drastiquement ces émissions au risque d’entrer dans une phase de réchauffement climatique critique. Les accords de Paris, signés en 2015, représentaient un bon espoir de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C ; cependant, avec la volonté récemment annoncée par Donald Trump de retrait des Etats-Unis de l’accord, toutes les projections sont à reconsidérer.

Mobilisation planétaire
Sur une note positive, les experts de GNF notent que le recul de la date du « dépassement global » est moins rapide depuis 5 ans qu’auparavant : les efforts en matière d’émissions sont donc payants, mais il faut en faire plus pour protéger nos dernières réserves écologiques et réguler notre consommation.
Deux types de solutions s’offrent à nous : les premières sont collectives et nécessitent l’engagement des gouvernements dans la protection des réserves naturelles, la promotion des énergies renouvelables et la réduction des émissions de CO2. Deuxièmement, au niveau individuel, chaque habitant de la planète peut agir pour sa conservation : en consommant moins de viande (aliment très gourmand en eau et très polluant), en veillant à éviter le gaspillage d’eau et de nourriture (aujourd’hui, 30% de la nourriture produite est gaspillée), en adoptant une alimentation bio et de saison. Pour mieux comprendre l’impact de chacun sur la planète, le GNF propose sur son site un calculateur d’empreinte écologique très précis (malheureusement encore disponible dans trop peu de pays, car il demande l’accès à des statistiques nationales).

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