D’après une enquête menée par l’émission danoise « Opération X », H&M aurait brûlé près de 60 tonnes de vêtements depuis 2013. Ces vêtements étaient vendus à une entreprise d’élimination des déchets produisant de l’électricité. Arguant que les produits brûlés étaient impropres à la consommation, des analyses menées par les journalistes ont montré à l’inverse que les invendus ne semblaient pas contenir des taux trop élevés de substances dangereuses…
Après le prêt-à-porter, le prêt-à-brûler
60 tonnes en 4 ans, soit près de 12 tonnes de vêtements jamais portés, jamais vendus, mais déjà jetés aux flammes. D’après l’enquête menée par la chaine de télévision danoise, c’est dans la centrale de Vasteras, à 100 km de Stockholm, que finissent ces vêtements de la chaine H&M. Ils sont alors brûlés, au milieu des déchets organiques et du charbon de bois pour produire de l’électricité à destination des populations voisines.
Sans doute la marque suédoise de prêt-à-porter s’est-elle dit qu’en recourant à cette pratique elle minimiserait son empreinte carbone – un véritable coup de génie. Pourtant, il faut croire que ce n’est pas ainsi qu’a été compris la politique du géant suédois, et les révélations des journalistes danois ont immédiatement provoqué l’ire des consommateurs.
Des raisons de sécurité
En effet, si la marque se défend de brûler simplement les produits qu’elle ne parvient pas à vendre et assure ne détruire que ceux qui contiendraient des moisissures ou ne contreviendraient pas aux restrictions en matière de produits chimiques, l’investigation des journalistes danois a montré que les vêtements jetés n‘étaient pas impropres à la vente. Dans un communiqué, l’entreprise a continué d’affirmer :
« Ces produits ne pouvant en aucun cas être vendus à nos clients ni être recyclés, ils sont donc automatiquement détruits en accord avec notre politique globale de sécurité ».
Quant aux tests réalisés par les journalistes sur quatre pantalons et qui montrent qu’aucun d’entre eux « ne contenaient de niveaux nocifs de produits chimiques ou de taux d’humidité anormal », H&M a estimé que les tests étaient incomplets, ne « prenant pas en compte la totalité du produit, et notamment la partie contenant de trop importantes quantités de plomb. »
La Fast-fashion – La Barbe
La fable de la « mode responsable »
Par ailleurs, l’entreprise souligne que ses invendus sont ou bien donnés à des associations caritatives ou bien vendus à des entreprises qui les transformeront en chiffons. Il faudrait donc applaudir à deux mains ? Oublier les ouvriers bangladais sous-payés pour satisfaire une production (et une consommation) excessive et intensive ? Oublier les rivières polluées par les produits chimiques ? Oublier que pour subvenir aux cadences effrénées, les paysans indiens ont dû passer au coton Bt (le coton OGM Monsanto), une véritable drogue écologique dont les rendements insuffisants ont conduit au suicide de nombreux agriculteurs ? Sans parler des pesticides nécessaires à l’entretien des champs de cotons Bt qui ont un impact considérable sur la santé : hausse des anomalies congénitales, des cancers et maladies mentales dans les régions concernées.
Bref, si H&M veut avoir une crédibilité sur la « mode responsable » qu’elle revendique, elle a encore beaucoup de chemin à faire ; à commencer par essayer de mettre fin au surplus de consommation (impropre ou pas, là n’est pas tant la question) qui finit aussitôt aux flammes…

Pour commander notre nouveau Livre-Journal, cliquez sur l’image !