Un an après la fin de la « jungle » de Calais, l’histoire d’un migrant hébergé par une habitante de la Creuse.
En octobre dernier 6500 migrants évacués
Il y a maintenant 1 an, le plus grand bidonville de France appelé « la jungle de Calais » était démantelé. A l’époque, les autorités avaient annoncé que 5596 personnes, notamment des ressortissants soudanais, afghans, érythréens et syriens avaient été « mis à l’abri » en étant évacués à bord de bus afin de rejoindre 450 centres d’accueil et d’orientation (CAO) sur l’ensemble du territoire (à l’exception de l’Ile de France déjà saturée ainsi que la Corse).
Le ministère de l’Intérieur dénombrait quant à lui environ 6500 hommes, femmes et enfants présents sur le camp avant le démantèlement. En vue des 5596 annoncées par les autorités, cela laisse supposer que des centaines de personnes n’ont pas été prises en charge par le biais de l’Etat. Des journalistes de l’AFP ou encore du Monde ainsi que des ONG comme Médecins sans frontières, affirmaient alors que des réfugiés quittaient le camp « par leurs propres moyens ».
Un an après le démantèlement : l’histoire de Simone et Abbas
C’est en octobre 2016 que Simone 71 ans, habitante d’un petit village de la Creuse et institutrice à la retraite, fait la rencontre de quatre jeunes réfugiés kurdes irakiens à qui elle a donne alors quelques cours de français. « J’ai eu l’impression qu’ils étaient frigorifiés mais souriants quand même » se souvient Simone lors de leur première rencontre.
Aujourd’hui, trois d’entre eux sont logés chez des amis et Abbas vis chez Simone tout en étant bénévole quelques heures par jours au Secours Populaire de Guéret. Cette colocation qui peut surprendre profite à tous les deux : « J’ai vraiment trouvé beaucoup d’humanité en Creuse parce que j’ai beaucoup d’amis. Simone, c’est comme ma grand-mère » explique Abbas. Quant à Simone venant de perdre son mari elle explique qu’elle avait besoin de donner. « Ça a été très riche dès le départ ». Bien que ce ne soit pas toujours approuvé par tout le monde Simone confie qu’elle pense faire le bon choix :
« Le matin, quand je me lève je peux me regarder dans une glace. Je suis en accord avec moi-même ».
Une « stabilité » apparente
Derrière ce quotidien qui semble stable la peur de l’expulsion est bien présente. Bien que l’un des quatre garçons ait pu obtenir l’asile, les autres sont toujours en attente. Abbas accuse son second refus et vient donc de déposer son derniers recours à la préfecture de la Creuse. Abbas angoisse de la réponse qui sera délivrée dans un mois : « C’est la dernière possibilité. S’ils disent non, pour moi, ce sera très difficile, parce que je vais devoir partir ». Simone est quant à elle désemparée à l’idée qu’Abbas soit expulsé quand elle voit toute la détermination et les capacités du jeune homme : « Il ne souhaite qu’une chose, c’est travailler. Peu importe ce qu’on lui proposera », « Il a un diplôme d’économie en langue anglaise. Nous avons besoin de jeunes gens comme celui-ci dans notre Creuse qui se désertifie et où nous avons tous plus de 60 ans, du sang neuf ! » affirme-t-elle, tout en gardant espoir que un jour ils puissent tous les quatre regagner leur maison par choix et en paix.
Crédits photo : capture d’écran AJ+

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