« Nous sommes victimes d’une crise cardiaque économique » déclare Bernard Lietaer, économiste et grand spécialiste du concept de monnaie locale. Les solutions ne viennent pas « d’en haut », elles ne tomberont pas du ciel, il faut se mobiliser nous-mêmes. Partout s’installent des alternatives de monnaies locales. Ces circuits parallèles, préservés du phénomène « pompe à fric », sont des outils précieux de transition économique.
En France, les tentatives sont encore un peu timides, mais elles fleurissent comme un printemps fait son ouvrage. L’Eusko, la Tinda, la Stück, la Pêche, le Galais, le Grain… une trentaine de monnaies locales sont déjà répertoriées dans l’hexagone. Nos voisins anglais n’en sont plus à leur coût d’essai. Au Royaume-Uni, il n’est pas rare de croiser des livres de Bristol, en circulation depuis 2012, ou des livres de Brixton qui affichent le portrait de David Bowie. « C’est tellement plus cool que d’avoir celui de la reine d’Angleterre » s’exclame Rob Hopkins, l’un des fondateurs du mouvement des villes en transition. Aujourd’hui, Amsterdam pousse le bouchon un peu plus loin ! Une monnaie d’un nouveau genre va voir le jour, mêlant initiative économique et conscience écologique.
Tout d’abord, c’est quoi une monnaie locale ?
La monnaie locale (ou monnaie complémentaire) introduit un circuit économique parallèle, dans lequel chaque citoyen contribue par ses achats au maintien ou au développement d’une offre de services et de produits locaux. La résilience économique est encouragée par les connexions établies entre les différents acteurs locaux. Plus ce maillage est dense et plus l’économie se porte bien. « La monnaie locale est un outil très utile pour bâtir un modèle de résilience. Aujourd’hui, nous avons besoin de ramener les choses à proximité, c’est une position capitale à adopter dans notre approche écologique » ajoute Rob Hopkins. Un autre avantage remarquable de la monnaie locale, c’est qu’elle n’est pas spéculative. Autrement dit, inutile de l’accumuler sur un compte pour en tirer profit, cette monnaie est faite pour circuler. « Le système conventionnel ne remplit plus sa fonction initiale car le sens premier de la monnaie, c’est l’échange » déclare Bernard Lietaer.
« Face à la désertification des petits commerces, à la délocalisation ou au chômage, la monnaie locale peut être un moyen de se réapproprier l’économie et de la rendre plus humaine. Le but n’est pas de concurrencer la monnaie nationale mais de créer une monnaie complémentaire qui puisse pallier les déficiences du système monétaire actuel. » Le Mouvement Colibris. C’est un modèle naturel, celui de la « biodiversité », qui nous a soufflé cet enseignement. Dans un écosystème, plus les espèces sont nombreuses et plus elles sont amenées à tisser des liens solidaires, afin de s’entraider et de se protéger les unes les autres. Ainsi, la forêt est un excellent modèle de résilience. Autrement dit, il faut encourager le passage d’une « monoculture monétaire » à un « écosystème monétaire ».
« La monnaie locale est un outil très utile pour bâtir un modèle de résilience. Aujourd’hui, nous avons besoin de ramener les choses à proximité, c’est une position capitale à adopter dans notre approche écologique » ajoute Rob Hopkins.

Que se passe-t-il à Amsterdam ?
Dans le secteur de Wildeman, une révolution se prépare en coulisse. The Beach, un studio de design spécialisé en développement durable et innovation sociale, s’apprête à lancer une monnaie locale, fabriquée en plastique recyclé. L’objectif est d’impliquer les citoyens et de les sensibiliser aux bons réflexes de consommation locale, tout en leur démontrant la pertinence des actions de recyclage. Peu à peu, la restauration de cette économie circulaire insufflera une nouvelle vitalité socio-économique à leur quartier.
Concrètement, les citoyens seront invités à rapporter leurs déchets plastiques. Ceux-ci seront pesés et échangés contre des pièces pouvant être utilisées dans les boulangeries, les épiceries et autres commerces locaux participants. Les pièces, fabriquées à partir du plastique recyclé, rejoindront à leur tour ce nouveau système économique. De leur côté, les entreprises et les commerçants recevront des pièces de monnaie en s’engageant dans la vente de produits considérés plus « durables » ou en accordant des réductions sur leurs services. Pour proposer une alternative à la simple consommation, les résidents pourront également investir dans des projets d’économie sociale du quartier.
« La transition est un processus qui doit être conduit par les communautés et non par les politiques. Le rôle du gouvernement est de soutenir la transition, mais pas de la diriger. La monnaie est l’un des outils qui libèrent le génie créatif des gens et des communautés locales. » Rob Hopkins.

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