Pour la première fois de leur Histoire, les Jeux Olympiques ont une parité parfaite en 2024 : 5 250 femmes et 5 250 hommes y participent. Un droit durement acquis, notamment grâce à une pionnière française encore trop méconnue : Alice Milliat.
Alice Milliat, une pionnière
Née en 1884, Alice Milliat a développé une passion profonde pour le sport. Nageuse, hockeyeuse, footballeuse et même championne d’aviron, elle s’est battue toute sa vie pour que les femmes puissent aussi concourir aux Jeux Olympiques.
Son mantra : « le sport féminin a sa place dans la vie sociale au même titre que le sport masculin ».
Pour y arriver, elle a défié Pierre de Coubertin, créateur des Jeux Olympiques modernes à la tête du Comité international olympique. Alors que les femmes ne sont tolérées que dans quelques épreuves aristocratiques, comme le tennis ou l’équitation, Pierre de Coubertin refuse de lancer des épreuves féminines d’athlétisme. Un sexisme qui perdure de nos jours alors que les caméramans des Jeux Olympiques viennent d’être rappelés à l’ordre pour filmer les femmes sous les mêmes angles que les hommes.
« Je n’approuve pas personnellement la participation des femmes à des concours publics » car cette « olympiade femelle serait inesthétique, inintéressante et incorrecte » répond-il à l’époque en ajoutant que « le rôle de la femme est, comme lors des anciens jeux, de couronner les vainqueurs ».
Pugnace, Alice Milliat, qui avait déjà participé à la création de clubs sportifs féminins un peu partout en France, décide alors d’organiser les premiers « Jeux olympiques 100% féminins » en 1922. C’est un véritable succès : 20 000 spectateurs regardent des sportives de cinq pays (Angleterre, États-Unis, France, Suisse, Tchécoslovaquie) s’affronter sur 11 épreuves.
« Ça ne plaisait pas à ces messieurs, j’aime mieux vous dire. Tous les hommes qui étaient autour ne l’aimaient pas tellement » raconte Jacqueline Laudré, multichampionne de courses de haies et ancienne coéquipière d’Alice Millliat, au micro de FranceCulture
Interdiction est faite à Alice d’appeler ces Jeux féminins « Olympiques ». Il faut attendre leur succès renouvelé, en 1926 en Suède, pour que le CIO, inquiet de sa perte de contrôle, concède à intégrer cinq épreuves féminines au JO d’Amsterdam en 1928, avec Alice dans le jury. Une avancée qui n’endort pas la jeune femme, courroucée que le CIO refuse d’ajouter d’autres épreuves féminines.
Elle renouvelle donc les Jeux féminins, en 1930 à Prague puis en 1934 à Londres. Mais avec la montée du fascisme en Europe, les subventions aux sports féminins sont supprimées dans les années 1930 malgré leur popularité. Face à la pression, Alice se retire et décède dans l’indifférence en 1957.
L’héritage d’Alice perdure aujourd’hui : son travail de pionnière dans le football féminin a été l’un des premiers pas qui a contribué, de nombreuses années plus tard, à la première Coupe du Monde féminine de la FIFA en 1991. La même année, le Comité international olympique (CIO), ouvre enfin ses portes aux femmes.
Il faudra attendre ensuite 2007 pour que la charte olympique rende obligatoire l’organisation d’épreuves féminines dans tous les sports.