Le réchauffement climatique menace une partie importante, et non des moindres, de nos patrimoines : la gastronomie et les produits agricoles nationaux. Le sud de l’Europe, et notamment l’Italie, est particulièrement touché par le phénomène.
« Extrémisation climatique »
Les plantations d’agrumes, de raisins et d’oliviers, pierres angulaires de la cuisine italienne, façonnent les paysages calabrais, sardes ou siciliens depuis des centaines d’années. Des cultures qui font partie de l’identité de ces régions. Pourtant, face aux sècheresses successives, aux feux de forêts et aux difficultés d’irrigation, de plus en plus d’agriculteurs les délaissent au profit d’espèces plus adaptées à ce nouveau climat.
Avocats, mangues, papayes et bananes fleurissent dans le sud de l’Italie. Les collines arborées sont un laboratoire pour le devenir du bassin européano-méditéranéen. Les conditions météorologiques tropicalisent la région.
Les pluies sont de plus en plus rares, les épisodes de plus en plus intenses. En 2023, l’Italie a connu 118 épisodes d’inondations. Et ces épisodes ont un coût. Au mois de mai de cette même année, les inondations en Émilie-Romagne et Toscane ont provoqué des dégâts estimés à 10 milliards d’euros.
Les températures augmentent ! Durant l’été 2023, les 45 degrés ont été dépassés en Sicile et en Sardaigne. A Messine (nord-ouest de la Sicile), les températures moyennes ont augmenté de 2 degrés en 50 ans. Cumulées au manque d’eau ou aux inondations, quelles cultures y résistent ?
Symbole de cette tropicalisation du climat, les étés s’allongent, pour durer de mai à septembre. Il n’y a plus 3, mais 6 mois d’été. Dans ce contexte, le syndicat agricole Coldiretti expliquait, en 2021, que les terrains consacrés à la culture de l’orange ont diminué de 31 % en 15 ans. Des variétés qui s’adaptent mal aux évènements climatiques extrêmes.
Le risotto menacé ?
Le nord de l’Italie est aussi touché par le changement climatique. Le bassin du Pô, dont les affluents proviennent des Alpes suisses, françaises et italiennes, et qui se jette dans la Méditerranée via la Mer Adriatique à l’Est, abrite le cœur de la production de riz à risotto.
Les agriculteurs du bassin font face à une réduction drastique de leurs rendements. Depuis 2022, la pire sècheresse depuis 200 ans les frappe. 26 000 hectares de terres produisant du risotto ont été perdus, soit 30 % des capacités de la région. La fonte des neiges alpines accentue fortement le phénomène. L’irrigation devient de plus en plus difficile.
Pour conserver les cultures ancestrales de blé, les universités siciliennes multiplient les tests de variétés potentiellement résistantes au réchauffement climatique et aux évènements climatiques extrêmes. Nous sommes à l’aube d’un changement écologique, culinaire et culturel important. L’Italie en est le laboratoire.