Alors que deux militants vegans de l’association L.214 « Ethique et animaux » étaient convoqués au tribunal de Versailles, des agriculteurs en colère membres de la FNSEA – un syndicat d’exploitants agricoles – ont « protesté » contre les actions de l’association et de ses militants en organisant un barbecue géant dans les environs du tribunal. Une provocation contre les nombreuses révélations de l’association qui s’infiltre dans les abattoirs depuis plusieurs années pour dénoncer les conditions de vie et d’abattage cruelles subies par les animaux.
Les militants de L.214 convoqués au tribunal de Versailles
Connue pour ses opérations « coups de poing » et ses vidéos souvent choquantes, l’association L.214 « Ethique et animaux » est au cœur de nombreuses polémiques. Défenseurs du bien-être animal, les responsables de l’association revendiquent le droit d’informer la population sur les conditions de vie et d’abattage réelles des animaux que nous consommons au quotidien, loin des clichés et des publicités mensongères de la grande distribution. La réaction des éleveurs de la FNSEA, entre provocation et cynisme, est révélatrice de leurs inquiétudes vis-à-vis de la prise de conscience croissante des consommateurs du bien-être animal et du danger que représente pour eux la baisse de consommation de viande. En effet, la consommation de viande porcine a baissé de plus de 3,7 % en France depuis le début de l’année 2016.
Si l’association considère que cette information est d’« intérêt public » afin de sensibiliser tous les consommateurs à la réalité de certains abattoirs français, ce n’est pas le cas des agriculteurs et des directeurs de ces abattoirs. En effet, après une vidéo publiée la semaine dernière dénonçant les conditions de vie particulièrement atroces des animaux tués à l’abattoir Guy Harang (à Houdan, dans les Yvelines), les militants ont été interpellés. Ces derniers avaient caché des caméras dans les salles d’abattage et ont été jugés lundi pour « violation de domicile » et « tentative d’atteinte à la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission d’images ». La tenue de ce procès, qui a été différée au mois de septembre pour laisser aux juges le temps de traiter une question soulevée par la défense (QPC), permet de remettre la souffrance animale et la nécessité du travail des militants pour l’information publique au cœur du débat.
Si la justice française ne s’est pas encore prononcée sur ce point, la Cour européenne des droits de l’Homme a déjà tranché la question et a reconnu le rôle indispensable des militants pour alerter l’opinion publique des problématiques concernant la protection des animaux. Compte tenu du vide immense laissé par l’Etat en la matière – peu de contrôles vétérinaires dans les abattoirs, infractions souvent impunies – le travail des militants est primordial et indispensable pour informer les consommateurs et ainsi leur permettre de réaliser des choix éclairés, en toute connaissance de cause. Un certain nombre de professeurs et d’intellectuels ont même soutenu les militants de L.214 dans un article paru dans Libération et demandent à ce que leur soit reconnu le rôle de « lanceurs d’alerte ».
Agriculteurs et défenseurs du bien-être animal : même combat
Brigitte Gauthière, présidente de l’association L.214 dénonce l’action des agriculteurs de la FNSEA et ne voit aucune incompatibilité entre les intérêts des éleveurs qui se soucient de leurs animaux et les actions de l’association qui dénonce les mauvais traitements subis par eux. De nombreux éleveurs s’engagent aujourd’hui en faveur du bien-être des animaux d’élevage et se battent pour améliorer leurs conditions de vie et d’abattage. S’il est certain que l’avenir n’est pas à la consommation de viande, cette transition vers un régime non carné peut se faire avec les éleveurs, en les aidant à trouver de nouveaux débouchés et à changer leurs modes de production.

Pour commander notre Manifeste, cliquez sur l’image !